un film de Dietrich Brüggemann.
Quatorze scènes, quatorze stations de chemin de croix, quatorze plans fixes (hormis deux mouvements de caméra) pour nous décrire le calvaire de Maria, une jeune adolescente élevée selon les principes rigides adoptés par sa famille de catholiques intégristes. Quatorze leçons de catéchisme, pourrait-on ajouter, mais non, c'est une seule leçon de catéchisme inculquée par un prêtre en soutane à un petit groupe d'adolescents dès la première scène (ou la première station). Une seule leçon de catéchisme qui s'étire fastidieusement tout au long des treize autres stations et des 1 heure 50 que dure ce film. Une leçon qui consiste à apprendre aux malheureux enfants mis entre les griffes de ce prêtre que la vie du chrétien n'est qu'un combat du bien contre le mal, qu'il faut donc être un bon soldat du Christ, que, pour ce faire, il faut en finir avec les frivolités et les plaisirs et savoir déjouer les ruses du diable et que rien n'est mieux, pour parvenir à cette fin, que de sacrifier sa vie pour le Christ!
La pauvre Maria prend tout ça à la lettre, ose donc tous les sacrifices et s'imagine déjà en sainte. Sa mère veille comme une harpie pour lui rappeler ses devoirs de chrétienne. Et voilà Maria qui, l'esprit et le coeur empoisonnés par toutes ces leçons, projette de donner sa vie pour le salut de son petit frère malade...
Insupportable, tel est mon sentiment! 1 heure 50 de ce catéchisme soi-disant traditionaliste mais surtout irrémédiablement pervers et totalement opposé à l'esprit de l'Evangile, c'est usant au point qu'on aimerait raccourcir le chemin de croix de moitié! Quant au "sacrifice" de Maria et au "miracle" qui l'accompagne, c'est, comme le remarque très justement Pierre Murat dans Télérama, aussi stupide que ce qu'imaginait Lars Von Trier quand il réalisait "Breaking the waves". Depuis, le cinéaste danois n'a fait que confirmer, de film en film, sa suffisance et sa sottise. Espérons qu"il n'en sera pas de même pour le réalisateur allemand de ce "Chemin de Croix". Et espérons aussi qu'il saura mieux choisir ses acteurs ou mieux les diriger, car, dans ce film, ils ne m'ont pas toujours semblé très convaincants. 2/10
Luc Schweitzer, sscc