Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Léon Morin, prêtre

un roman de Béatrix Beck.

Après avoir vu le film de Nicolas Boukhrief, "La Confession", et après avoir lu de nombreux commentaires à son sujet, je me suis dit qu'il fallait que je lise le livre dont il est l'adaptation. C'est chose faite. Et je me demande bien pourquoi j'ai tant attendu avant de lire ce récit remarquable, d'autant plus que je connaissais le film de Jean-Pierre Melville. Aujourd'hui, je comprends mieux certaines réticences de Béatrix Beck tout en estimant que ni le film de 1961 ni celui de 2017 ne trahissent à proprement parler le livre.Tous deux prennent des libertés par rapport au texte, mais jamais au prix d'un grossier contresens. Barny, dans le récit comme dans le film "La Confession", est bel et bien séduite par Léon Morin, et pas seulement d'un point de vue intellectuel. Les deux derniers chapitres du livre décrivent fort précisément l'attirance physique qu'éprouve l'héroïne pour ce prêtre. Mais il ne faut pas pour autant occulter ce qui précède et, en particulier, tous les échanges passionnants entre la jeune femme et le prêtre qu'elle avait d'abord voulu provoquer, elle la communiste qui professait volontiers son athéisme et qui s'est présentée au confessionnal avec une classique parole de défi: "La religion, c'est l'opium du peuple!". Ce qui est très saisissant, c'est le portrait de Léon Morin, un prêtre dont les propos sont souvent (mais avec quelques exceptions) d'une formidable modernité. Les provocations de la jeune femme ne le déstabilisent aucunement et le dialogue qui s'engage résonne de façon extraordinaire. Et bien des prêtres d'aujourd'hui serait bien avisés de s'inspirer de la liberté de parole de Léon Morin. Un prêtre que rien n'effraie et qui se moque du qu'en dira-t-on. Je trouve cela savoureux et même exemplaire. Il va jusqu'à confier devant témoin la clé de son domicile à la jeune femme. Il n'a que faire des éventuels jugements malveillants et estime que Barny, toute communiste qu'elle est, est plus proche de Dieu que tous ses paroissiens réunis! Comme le Christ qui ne craignait nullement d'être surpris en tête à tête avec la Samaritaine, il ose des rencontres fréquentes avec une femme qu'il sait avide de connaissances. Léon Morin est exemplaire du point de vue de l'accueil, et de l'écoute. Et il l'est d'autant plus aujourd'hui où l'on est si prompt à juger autrui, voire à condamner, plutôt qu'à exercer la miséricorde, même quand on est clerc. Ecrit dans un style à la fois simple et agréable, ce superbe récit m'est allé droit au coeur! J'aime ce prêtre, tel qu'il est raconté par Béatrix Beck, malgré ses petites imperfections, mais si petites au regard de ses qualités!
9/10

Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Livres, #Films, #Romans
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :