un film d’Axelle Ropert.
Il y a quelque chose d’atypique, d’étrange, voire d’excentrique dans ce film dont les deux personnages masculins principaux sont frères, tous deux médecins généralistes, travaillant dans le même cabinet, voyant en consultation les mêmes malades et donc arpentant le même quartier de Paris (en l’occurrence le Chinatown du 13e arrondissement). Il y a peut-être aussi autre chose, de plus caché, mais de non moins important, c’est un réel souci non seulement du malade, mais de l’autre:de la compassion pourrait-on dire, ce qui, après tout, n’est pas si fréquent dans les films.
Or voilà que nos deux médecins, Boris et Dimitri, sont appelés une nuit au chevet d’Alice, une petite fille diabétique qui vient de faire un malaise. Sa mère, Judith, travaillant de nuit dans un bar, l’a laissée seule. Boris et Dimitri, bien sûr, finiront par la rencontrer, cette maman qui a les traits charmants de Louise Bourgoin et dont tous deux tomberont amoureux.
Il y a des failles chez l’un et chez l’autre, chez Dimitri surtout qui essaie de se guérir de son addiction à l’alcool. Les deux médecins tournent autour de Judith, tentent de la séduire, mais sans rien se dire l’un à l’autre, en tout cas dans un premier temps. Quant à la petite Alice, la malade, elle n’a pas sa langue dans sa poche et elle pose bien des questions. Et le père de la fillette, où est-il, qu’est-il devenu? Judith cédera-t-elle aux avances de Boris ou à celles de Dimitri ou encore se refusera-t-elle à l’un et à l’autre?
Toutes ces questions trouveront leurs réponses au fil d’une histoire qui se déroule à la fois avec légéreté et avec gravité. Pas de grands drames dans ce film, mais, comme dans les meilleures comédies, on perçoit un fond de mélancolie. La réalisatrice n’appuie jamais excessivement sur ce qui fait mal, elle sait donner à son film de l’élégance, elle ne dissimule pas les souffrances, mais elle les évoque avec retenue. C’est un film qui suscite beaucoup d’émotion, mais sans jamais être tire-larmes! C’est un film ouvert:ouvert comme ces portes automatiques qui, dans une des nombreuses belles scènes qui l’émaillent, n’arrivent plus à se refermer. Et nous non plus, spectateurs, nous n’avons guère envie de refermer la porte et de chasser de nos esprits les personnages curieux et attachants que ce film nous a fait découvrir.
8/10
Luc Schweitzer,sscc