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MARYLINE

Un film de Guillaume Gallienne.

 

Autant le premier film de Guillaume Gallienne (« Les garçons et Guillaume, à table ! » en 2013) m’avait agacé et pas du tout convaincu, autant je me suis laissé séduire par « Maryline » ! Pourtant, ce n’est pas un film facile et on est même en droit de le trouver déroutant. Pour raconter son histoire, le réalisateur n’a pas craint de multiplier les ellipses, prenant le risque de perdre en chemin des spectateurs. Pour ce qui me concerne, au contraire, j’ai déjà eu plusieurs fois l’occasion de dire combien j’aime qu’un cinéaste laisse de l’espace aux spectateurs : c’est à eux de combler les manques en les imaginant !

Et puis, tout de même, c’est un beau portrait de femme que nous propose Guillaume Gallienne, tout en révélant une superbe actrice (Adeline d’Hermy). Elle joue Maryline, une jeune fille quittant son petit village de province afin de devenir actrice précisément. Elle le sera, en effet, non seulement au cinéma, mais au théâtre en tant que comédienne. Mais elle le sera après avoir surmonté de redoutables inhibitions. Elle semble souffrir du même mal que celui qui frappe parfois les écrivains, le « writer’s block » dont parle le belge Simon Leys dans un des chapitres du « Bonheur des Petits Poissons » (Livre de Poche no 31288). Dans le cas de Marylin, il s’agit de quelque chose qu’on pourrait désigner par « actress’ block » : une paralysie qui l’empêche et de jouer et de prononcer un mot.

Ce mal mystérieux n’est pas franchement expliqué par le réalisateur, et c’est tant mieux. Maryline garde sa part de mystère. Mais elle fait des rencontres et certaines d’entre elles paraissent déterminantes pour sa guérison. La plus belle de toutes prend le visage de Vanessa Paradis : c’est elle qui, imposant à un réalisateur et à son équipe de rester seule avec Maryline, trouve des mots qui conviennent. Et cette dernière fait son chemin, parvenant à une consécration et à une récompense inattendues lors d’une superbe scène finale dans un restaurant, tandis que se fait entendre l’une des plus belles chansons de Léo Ferré (« Cette Blessure ») admirablement chantée par Vanessa Paradis. 

8/10

                                                                       Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films, #Chansons
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