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THELMA

Un film de Joachim Trier.

 

 

La première moitié de ce film suscite beaucoup d’intérêt et laisse augurer d’une œuvre marquante. On y découvre Thelma, une étudiante qui, alors qu’elle est en cours, est subitement prise de convulsions tandis que des oiseaux viennent heurter les vitres de la salle où elle se trouve. Un climat de mystère s’instaure donc dès ce moment. Bientôt, Thelma fait la connaissance d’Anja, une autre étudiante avec qui se noue une relation trouble faite  d’attirance et de désir en même temps que de répulsion. Il faut préciser que Thelma reste sous influence de ses parents, des chrétiens rigoristes qui lui ont légué un héritage de piété et de culpabilité. La relation teintée d’homosexualité qu’elle entretient avec Anja ne peut donc que profondément la déranger. Ses parents sont filmés comme des sortes de géants qui la tiennent sous une emprise malsaine et son père est présenté comme le confesseur à qui elle doit avouer tous ses péchés. On devine sans peine que les convulsions qui jettent à terre Thelma de temps à autre sont l’expression d’une blessure des plus intimes. Joachim Trier filme et met en scène toute cette première moitié du film avec grand talent : il sait parfaitement créer un climat étrange, inquiétant et perturbant qui trouve son apogée au cours d’une séquence se déroulant à l’opéra où se fait entendre une somptueuse musique (que j’ai cru reconnaître comme étant de John Adams…).

Malheureusement, toutes ces belles promesses de grand film ne sont pas tenues. La deuxième moitié s’enlise dans du symbolisme creux et lourdingue (la peau des personnages devenant transparente et laissant apparaître du feu lors d’une scène de défonce ou la survenue d’un inévitable serpent à une autre occasion) et des scènes explicatives se succédant pour, en fin de compte, nous perdre davantage. Le film devient pesant, sans grâce, au point qu’il perd son intérêt. Et le réalisateur s’emmêle les pinceaux dans des développements psychologisants totalement insipides. Il y avait moyen de proposer une critique intéressante du christianisme rigide et rétrograde qui a le vent en poupe chez une frange des chrétiens d’aujourd’hui, mais même cette promesse-là n’est pas vraiment tenue.  Dommage. 

5/10

 

                                                                       Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films
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