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SONATE POUR ROOS

Un film de Boudewijn Koole.

 

Difficile de ne pas penser à Ingmar Bergman et, en particulier, à « Sonate d’automne » (1978), en découvrant ce film du néerlandais Boudewijn Koole qui reprend, grosso modo, la thématique du maître suédois mais en lui donnant un ton et des couleurs particuliers. Le mot « couleurs » ne convient d’ailleurs pas vraiment, tellement le film est comme envahi de blanc : en l’occurrence le blanc de la neige, omniprésente, qui contribue fortement à donner aux spectateurs, malgré les thèmes abordés, des sensations d’apaisement.

Les thèmes en question renvoient sans nul doute au film de Bergman. Roos (Rifka Lodeisen) se résout à visiter sa mère Louise (Elsie de Brauw), une pianiste de renom vivant dans une maison isolée de Norvège. Entre les deux femmes, on le comprend rapidement, la communication est pour le moins difficile : des rancoeurs et des blessures les séparent l’une de l’autre. Pourtant, si Roos a fait le déplacement, c’est pour révéler à sa mère quelque chose de douloureux qui l’affecte au plus haut point. On pense non seulement à Bergman mais aussi à « Juste la fin du monde » (2016), le film poignant de Xavier Dolan. Roos parviendra-t-elle à briser le silence et à dire à sa mère le lourd secret qui l’accable ? Le dira-t-elle également à son petit frère Bengt (Marcus Hanssen) ainsi qu’à un ancien amant qui ressurgit ?

Les blessures et les non-dits sont réels et ils pèsent leur poids de détresse. Pourtant, le film s’imprègne de beaucoup plus de douceur et de retenue que ce qu'on trouve chez Bergman ou Dolan. Ce qui ne peut s’exprimer par la parole peut se dire d’autres manières. Et l’on perçoit, à plusieurs reprises, au cours du film, le désir profond de rapprochement entre mère et fille. Un morceau musical joué à quatre mains, une mère qui part à la recherche de sa fille ou, même, l’improvisation d’un chœur se mettant à hurler à la manière des chiens en disent davantage que tous les mots (et aussi que tous les maux !).

Et puis, ce qui donne à « Sonate pour Roos » un ton vraiment original, c’est la relation de cette dernière avec son petit frère Bengt, une relation légèrement trouble, il faut le dire, et néanmoins extrêmement touchante. Si Roos ne parvient que difficilement à communiquer avec sa mère, il n’en est pas de même avec Bengt. Une grande complicité semble les unir, d’autant plus que leurs passions respectives se complètent admirablement : si Roos, qui est photographe, s’enthousiasme pour les images, son frère, lui, ne jure que par les sons (il les recherche, les compose et les enregistre). Entre frère et sœur, qu’ils se baignent dans les eaux froides d’un lac ou se faufilent dans une caverne de glace, la connivence, le plus souvent, est là, elle est belle et apaise l’ensemble du film. 

8/10

 

                                                                       Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films
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