un film de Hsin-Yin Sung.
« C’est quoi, le bonheur ? » À deux reprises, la question est posée au cours de ce beau film d’animation et, chaque fois, elle sort d’une bouche d’enfant. On le constate à nouveau, et c’est tellement vrai : les grandes questions, les plus importantes, les plus profondes, celles qui s’imposent aux esprits des philosophes, ne sont rien d’autre que des questions d’enfants ! Dans ce premier long-métrage, la réalisatrice Hsin-Yin Sung s’empare précisément de la question posée par ses personnages d’enfants, non pas pour y répondre de manière précise, mais pour l’illustrer sous forme de quête inlassable. Car le bonheur, en fin de compte, c’est peut-être davantage ce qu’on cherche plutôt que ce qu’on trouve. D’une certaine façon, c’est en cherchant le bonheur qu’on est heureux : on ne l’atteint jamais et pourtant il est là, et quand on croit le posséder il s’est déjà enfui !
On sait bien que le bonheur est évanescent. Quand on croit le trouver, on comprend aussitôt qu’il est ailleurs et quand on l’éprouve, on devine aussitôt qu’il est parti. C’est ce que ressent Tchi, la jeune Taïwanaise dont la cinéaste raconte l’itinéraire en s’inspirant des films d’animation japonais tout en y apportant sa singularité et la beauté de ses dessins. Revenue des États-Unis à cause du décès de sa bien-aimée grand-mère, la jeune femme se remémore les étapes de sa vie. Tout lui revient et, en particulier, les découvertes de l’enfance, l’âge où surgit au profond de l’âme le désir du bonheur. « Mais c’est quoi, le bonheur ? ».
Quand, durant son enfance, on a la chance d’habiter auprès de ses parents à Happiness Road, on peut déjà deviner, pourquoi pas, que le bonheur est un chemin, une route, et non pas un état dans lequel s’établir. En racontant l’histoire d’une petite fille dont les parents sont pauvres (ils n’ont pas suffisamment d’argent, par exemple, pour lui payer les cours de perfectionnement scolaire dont bénéficient d’autres enfants), la réalisatrice retrace aussi, en arrière-fond, l’histoire de Taïwan. Avec tout ce que cela comporte d’aléas et de contraintes de toutes sortes pour les personnages du film.
Dans sa quête de bonheur, une fois qu’elle a grandi, Tchi se tourne vers le rêve américain et émigre vers les États-Unis où elle découvre l’homme qu’elle se décide à épouser. A-t-elle pour autant trouvé le fameux bonheur ? Non, bien sûr. Ni l’émigration aux États-Unis ni le mariage n’en sont les gages. Il faut continuer à chercher, encore et encore. Et, en revenant à Taïwan pour les obsèques de la grand-mère, en évoquer la présence/absence comme un secret d’enfance que peut-être avait su percevoir l’aïeule qui vient de quitter ce monde.
7,5/10
Luc Schweitzer, ss.cc.
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HAPPINESS ROAD Bande Annonce (Animation, 2019)
Tchi vit aux USA où elle s'est installée, à la poursuite du " rêve américain ", après ses études à Taiwan. Sa grand-mère adorée vient à mourir et la voilà de retour dans sa ville na...