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PACHAMAMA

Un film de Juan Antin.

 

 

C’est au courant des années 80, lorsque je découvris la vie de Louis Dalle (1922-1982), que je lus, pour la première fois, ce mot de « Pachamama » tout en en apprenant la signification. Pachamama, c’est la Terre-Mère, une des déesses les plus importantes des peuples Aymara et Quechua, autrement dit les cultures qui correspondent grosso modo à l’ancien empire inca. Or Louis Dalle, religieux picpucien, qui fut prélat d’Ayaviri (Pérou), fut aussi l’un de ces missionnaires qui osèrent, contrairement à beaucoup de leurs prédécesseurs, aller à la rencontre des peuples et des cultures dans un esprit de dialogue et d’écoute plutôt que pour chercher à s’imposer. Quel changement de point de vue par rapport à tant de conquérants et même de missionnaires qui n’ont approché les populations lointaines qu’en voulant les dominer, quel basculement encore aujourd’hui totalement innovateur et prophétique ! « Il venait témoigner de sa foi, disait-on de Louis Dalle, il ne l’imposait pas. Il ne venait pas nous conquérir, nous séduire, avec un programme de salut bien planifié (…), il venait dialoguer avec nous, convaincu qu’il était de la réalité de notre foi dans le même Dieu, malgré la différence de son expression. »

C’est dans ce même esprit de bienveillance qu’il faut admirer le superbe film d’animation qui vient de sortir sur grand écran. L’argentin Juan Antin le situe dans un village des Andes, à l’époque où arrivèrent les premiers conquérants venus d’Espagne, les fameux conquistadors. Au début du film, un jeune garçon du nom de Tepulpaï sautille de joie parce qu’il a réussi à dérober à l’oiseau sacré, le grand condor, l’une de ses plumes. Avec son amie Naïra, une petite fille à la bouille aussi ronde que lui, il se rend bientôt à un rituel en l’honneur de Pachamama. Tous deux, le garçon et la fille, sont invités par le chamane du village, à offrir à la Terre-Mère ce qu’ils ont de plus précieux. C’est ainsi seulement qu’ils peuvent commencer à entrer dans le monde des grands. Donner en offrande à la déesse ce qu’on possède de plus inestimable, ce n’est pas le perdre, car Pachamama est généreuse et rend au centuple ce qu’on lui confie.

Pas si facile, cependant, pour Tepulpaï, de se séparer de sa belle plume de condor. Pour Naïra, au contraire, tout paraît plus simple : sa générosité irait même jusqu’à lui faire sacrifier son petit compagnon, un jeune lama, s’il le fallait… Quoi qu’il en soit, ce sont eux, ces deux enfants, qui entament bientôt un voyage initiatique à la poursuite des envoyés du Grand Inca qui sont passés par leur village pour y lever l’impôt et dérober ce que les villageois ont de plus précieux. Prêts à tout pour sauver leur village et leur culture ancestrale, les deux enfants doivent non seulement affronter, à Cuzco, les fidèles du Grand Inca, mais aussi les hommes bardés de métal arrivant par là, les conquistadors qui ne respectent rien, se livrent au vol et au pillage et détruisent tout sur leur passage.

Sauver la Terre, préserver de l’anéantissement la Pachamama plus que jamais menacée par les activités humaines, n’est-ce pas toujours d’actualité ? Grâce à son film de toute beauté, dont un grand nombre d’images sont aussi superbes que de véritables tableaux, grâce aussi à l’excellente musique de Pierre Hamon, Juan Antin n’a aucune peine à nous en convaincre. 

8/10

 

                                                           Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films, #Films d'animation
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