Un film de Rupert Everett.
Condamné pour homosexualité en mai 1895 à la peine maximale de deux ans de travaux forcés, le grand écrivain Oscar Wilde fut, après quatorze mois, transféré à la prison de Reading où il effectua le restant de sa peine avant d’être libéré en 1897. À sa sortie, souhaitant se convertir au catholicisme, il fit une demande à ce sujet à des jésuites qui, prudents et peut-être apeurés par un homme d’aussi mauvaise réputation, lui conseillèrent d’attendre encore un an ou deux. Il quitta alors l’Angleterre pour la France et l’Italie et termina sa vie à Paris le 30 novembre 1900.
Ce sont ces dernières années de l’écrivain qu’évoque ce film en en soulignant l’aspect pathétique. Oscar Wilde retrouve des amis (et amants) et tente de briller encore en société, alors qu’il n’est déjà plus que l’ombre de lui-même et doit même s’abaisser à quémander de l’argent pour subvenir à ses besoins. Que reste-t-il de l’écrivain adulé de jadis après l’épreuve qu’il a subie ? Tous ses efforts pour donner le change se révèlent très pitoyables.
Mais ce que le film montre aussi, c’est la veulerie et c’est l’hypocrisie de ceux qui l’ont réduit à cet état en le condamnant. L’homme est rejeté et voué à l’infâmie comme on le faisait dans le passé pour les lépreux. Ceux qui éructent leur homophobie ne sont d’ailleurs pas beaux à voir. Le film, lui, malgré son côté sombre, propose quelques scènes impressionnantes et, parfois même, audacieuses. Oscar Wilde, vilipendé et couvert de crachats de haine, ressemble au Christ de la Passion, ce qui, d’ailleurs, ne contredit nullement l’évangile, au contraire. Jésus ne s’est-il pas identifié au prisonnier et à l’exclu ? On remarquera aussi que, juste avant de mourir, Oscar Wilde est visité par un prêtre qui a accepté de venir à son chevet et de l’administrer jusqu’à sa dernière heure et qui, une fois l’écrivain mort, préside à ses funérailles au cimetière.
À cause de scènes de ce genre, le film mérite amplement d’être vu, d’autant plus que, par le biais de l’histoire d’Oscar Wilde, il dénonce cette indignité qui s’appelle l’homophobie. Malheureusement, il souffre quelque peu de l’interprétation pleine d’outrances du personnage de Wilde par le réalisateur lui-même, Rupert Everett. Cela m’a gêné pendant une bonne partie de la projection.
7/10
Luc Schweitzer, ss.cc.
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