Un film de Paul Dano.
On a déjà pu apprécier, à de nombreuses reprises, le talent d’acteur de Paul Dano, entre autres dans « There Will Be Blood » de Paul Thomas Anderson en 2007 ou dans l’excellente série télévisée « Guerre et Paix » d’après le roman de Tolstoï en 2016. Dorénavant, il faudra aussi le compter dans le cercle des acteurs qui sont passés derrière la caméra. Or, dès ce premier film en tant que réalisateur, les dons de metteur en scène de Paul Dano s’imposent.
L’histoire qu’il a choisi d’adapter pour le grand écran provient d’un roman de Richard Ford, écrivain américain fort doué. La lecture de cet ouvrage a saisi Paul Dano, et il y a de quoi. Non pas que ce soit une histoire très originale puisqu’il est question d’un couple qui se déchire sous les yeux de leur unique enfant, un garçon de 14 ans prénommé Joe (Ed Oxenbould). Cela peut paraître, malheureusement, très banal, de nombreuses histoires du même genre ont déjà été racontées, mais ce qui n’est pas du tout ordinaire, ce qui rend le film fascinant, c’est le point de vue adopté par le réalisateur. Car tout, ou quasiment tout, dans le film, est filmé du point de vue de Joe. C’est son regard qu’épouse en quelque sorte la caméra, donnant ainsi à cette œuvre une intensité qui l’éloigne totalement de toute platitude.
C’est lui que nous observons tandis que lui-même assiste, effaré, à l’effondrement du couple que forment ses parents, Jerry (Jake Gyllenhaal) et Jeanette (Carey Mulligan). Nous sommes au début des années 60, quelque part dans le Montana, et tout commence à se détériorer (de façon visible, en tout cas) le jour où Jerry est renvoyé de son emploi sur un terrain de golf parce qu’il se montre trop familier avec les clients. De ce fait, Jeanette se met à chercher un travail tandis que Joe lui-même se trouve un petit boulot chez un photographe en dehors de ses temps de scolarité. En fin de compte, Jerry décide, de son côté, de s’engager dans le corps des pompiers afin d’aider à combattre les feux de forêt qui ravagent la région, ce qui signifie qu’il doit s’absenter du foyer familial. « Jusqu’à l’arrivée des premiers flocons ! », précise-t-il.
C’est alors, pendant l’absence de Jerry, que Joe assiste, impuissant, à l’émancipation de sa propre mère, à son comportement léger et même à la liaison qu’elle noue avec un homme qu’elle a rencontré à la piscine (où elle travaille désormais). Et bien sûr, pendant tout ce temps, on ne peut pas ne pas se demander ce qui se passera quand Jerry rentrera au bercail…
Paul Dano fait preuve d’une belle maîtrise de la mise en scène. En voyant certains plans, on songe aux tableaux d’Edward Hopper. Quelques séquences du film sont tout à fait magistrales, la plus impressionnante du point de vue de sa construction étant sans doute celle où Jeanette emmène Joe en voiture jusqu’aux feux de forêt. Mais beaucoup d’autres plans sont très réussis, y compris le plan final, étonnant et inattendu.
8/10
Luc Schweitzer, ss.cc.
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WILDLIFE - UNE SAISON ARDENTE - Bande annonce VOST
WILDLIFE - UNE SAISON ARDENTE - Le 19 décembre au cinéma --- Dans les années 60, Joe, un adolescent de 14 ans regarde, impuissant, ses parents s'éloigner l'un de l'autre. Leur séparation marqu...