Un film de Xavier Dolan.
Dans une interview récemment publiée dans Télérama, Xavier Dolan raconte combien la réalisation de ce film fut « pénible et problématique du début à la fin ». Pour mener à bien cette première œuvre en anglais, le cinéaste québécois s’est heurté à toutes sortes de difficultés et de déceptions que son « inexpérience », comme il le dit lui-même, n’avait pas envisagées. De plus, une fois achevé, le film fut très fraîchement accueilli au festival de Toronto par les critiques américains qui ne lui firent pas de cadeau.
Remonté, expurgé même de toutes les scènes où apparaissait l’actrice américaine Jessica Chastain (qui en était pourtant, au départ, une des têtes d’affiche), le long-métrage paraît enfin sur les écrans français, mais il y a fort à parier qu’il n’enthousiasmera guère les admirateurs de Xavier Dolan. Même après le travail de refonte qu’il a subi, il faut l’admettre, on a affaire à un film décevant, pour ne pas dire raté.
On y retrouve cependant les thèmes obsessionnels explorés, de film en film, par le cinéaste, entre autres dans ces points d’orgue que furent « Laurence anyways » en 2012 et « Mommy » en 2014. Les relations laborieuses entre mère et fils et la pratique d’une homosexualité que l’on est contraint dans le même temps de dissimuler pour ne pas ternir son image sont deux de ces thèmes que l’on retrouve aujourd’hui. Malheureusement, cette fois-ci, il manque l’essentiel, c’est-à-dire un scénario intelligemment construit.
Tout ce qui séduisait dans les films antérieurs de Xavier Dolan fait défaut dans cette oeuvre à la narration emberlificotée. Comment croire tant soit peu à l’histoire que nous conte aujourd’hui le cinéaste ? Lui-même, paraît-il, adressa une lettre à Leonardo Di Caprio quand il avait huit ans, mais une lettre restée sans réponse. Or, dans le film, non seulement un jeune garçon nommé Rupert Turner écrit une lettre à l’acteur de séries télévisées John F. Donovan, non seulement il reçoit une réponse de ce dernier, mais c’est une correspondance qui se prolonge pendant cinq ans qui se noue entre la star et l’enfant. Une correspondance qui a dû débuter quand le garçon avait six ans et qui s’est poursuivie jusqu’à ses onze ans, qui plus est à l’insu de sa mère, et par-delà les continents puisque l’acteur est américain tandis que le garçon réside en Angleterre !
J’ai beau m’efforcer d’y croire, je n’y parviens pas. Cette histoire me paraît tirée par les cheveux. Et même si le cinéaste essaie de masquer l’invraisemblance de son scénario grâce à des cadrages et des prises de vues comme il sait si bien les réussir, on ne peut que rester très dubitatif. Dommage, car, pour un peu, on serait prêt à s’attendrir chaque fois qu’apparaissent Susan Sarandon en mère de Donovan et Natalie Portman en mère de Rupert.
4/10
Luc Schweitzer, ss.cc.
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Ma Vie Avec John F. Donovan de Xavier Dolan - Bande-annonce VOST
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