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PARASITE

Un film de Bong Joon-ho.

 

Le film du coréen Bong Joon-ho, film ayant obtenu la Palme d’Or au festival de Cannes, étant d’ores et déjà programmé sur nos écrans, l’on peut juger du degré de pertinence de cette distinction. Pour moi, sans aucun doute, « Douleur et Gloire » de Pedro Almodovar méritait davantage de recevoir cette récompense. Il aurait été judicieux, me semble-t-il, à l’occasion de la sortie d’un de ses meilleurs films, de saluer l’œuvre du cinéaste espagnol. Le jury du festival en a décidé autrement, préférant consacrer un film peut-être plus accessible, plus grand public, il est vrai, que celui d’Almodovar.

Certes, « Parasite » ne manque pas de qualités, il faut le reconnaître. En le voyant, on peut d’ailleurs songer à d’autres films de Bong Joon-ho, à « Snowpiercer » (2013) par exemple, à ce train transportant les rescapés du réchauffement climatique, les pauvres étant relégués en queue du convoi tandis que les riches se pavanent à sa tête, à la révolte des miséreux s’efforçant de passer de wagon en wagon jusqu’à affronter les puissants. Dans « Parasite » aussi, les défavorisés vivent dans des bas-fonds sordides tandis que les riches, dans leurs luxueuses habitations des hauteurs de la ville, jouissent sans restriction de tous les conforts possibles. On ne peut pas ne pas songer à « Métropolis » (1927), le film mythique de Fritz Lang.

Cela étant dit, le ton adopté par Bong Joon-ho dans « Parasite » se révèle très différent de celui qui prévalait dans « Snowpiercer ». Dans le nouveau film, l’humeur est plutôt joyeuse, détendue, mais également tout imprégnée de ruse, voire carrément retorse. La famille de pauvres, père, mère, fils et fille, que met en scène le cinéaste, n’est pas du genre à se plaindre. Pour eux, rien ne compte davantage que de manigancer non seulement pour s’en sortir, mais pour s’immiscer chez les riches et, d’une certaine façon, prendre possession d’eux. Se mettre à leur place. Profiter sans scrupule de leur petit paradis qui semble pourtant si bien protégé.

Pour en arriver là, le cinéaste coréen imagine, pour ses pauvres, tout un jeu de dupes à laquelle la famille des riches se laisse prendre. On peut d’ailleurs estimer qu’ils sont d’une grande naïveté, ces riches, pour se laisser pigeonner ainsi. Mais c’est là, précisément, à mon avis, un des points faibles du film qui, à force de vouloir trop caractériser les personnages, les rend à la fois grotesques et caricaturaux à l’excès. Le réalisateur a certes préféré la satire plutôt que le réalisme, mais c’est un peu au détriment de la vraisemblance, me semble-t-il.

Reste qu’on peut prendre un grand plaisir à voir ce film et à s’en amuser, malgré ses outrances. Je me garderais d’en raconter les péripéties afin de ne pas en éventer les surprises. Or, des coups de théâtre, il n’en manque pas, dans ce film, surtout lorsque sont découverts d’autres parasites que ceux qui s’annonçaient dès le début du film. La maison des riches, à elle seule, est une des grandes trouvailles du film, une maison qui dissimule des secrets inattendus.

Le film a ses faiblesses, mais il comporte, néanmoins, un grand nombre d’idées de scénario ingénieuses. L’une des plus astucieuses a un rapport avec l’odeur, celle des pauvres en l’occurrence, et le petit garçon de la famille des riches (un petit garçon qui aime jouer aux Indiens !) ne s’y trompe pas. Une autre surgit lorsque des protagonistes essaient de communiquer grâce à l’alphabet morse. Une fois encore, c’est le petit garçon qui, ayant pris ses leçons chez les scouts, déchiffre ce que ses parents ne sont pas capables d’imaginer. Bienvenues, ces idées-là, et quelques autres, introduisent de la subtilité dans une histoire qui, sinon, paraîtrait tout de même assez rudimentaire. 

8/10

 

                                                           Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films
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