En lisant, en écrivant...
Jeudi 22 août 2019:
Il n'y a de joies véritables que celles qui sont innocentes, écrit Robert Walser dans le recueil de textes intitulé Vie de Poète, tandis qu'il narre son premier voyage à pied au milieu des prés, des champs, des forêts, des labours et des montagnes. Joie innocente, joie simple que celle qu'on éprouve quand on marche ou, par exemple, comme je le fais au moment même où j'écris ceci, en écoutant des symphonies de Haydn.
Ces joies-là sont précieuses puisqu'elles aident à vivre. On me rétorquera peut-être qu'elles n'en ont pas moins le défaut de conforter celui qui s'y adonne dans ses égoïsmes en le détournant des malheurs du monde, mais ce raisonnement me semble fallacieux. Car c'est sûrement de pouvoir goûter ces joies, de les recevoir comme un cadeau gracieux, qui rend, quand cela doit advenir, le coeur plus disponible à l'écoute d'autrui. D'avoir pu apprécier le plaisir simple d'une promenade ou la quiétude lumineuse d'un repos musical rend l'homme meilleur, j'en suis sûr, dans la mesure, c'est vrai, où l'on a affaire à quelqu'un de bien disposé intérieurement, autrement dit d'un individu apte à transformer la grâce reçue en rejaillissement pour le mieux-être d'autrui.
Luc Schweitzer, ss.cc.