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PERSONA

Un album de chansons de Lise Martin.

 

 

Il est des albums de chansons dont on sait, lorsqu’on les écoute une première fois, qu’on aura besoin, en quelque sorte, de les fréquenter et les fréquenter encore parce qu’on n’aura jamais fini de se laisser surprendre. Persona, sans nul doute, fait partie de ces albums-là, de ceux qu’on ne se lassera jamais d’écouter. Non pas que les chansons qui le composent soient conçues de manière inhabituelle. Mais, même si la plupart des arrangements sont d’une grande simplicité (qui, d’ailleurs, les magnifient peut-être davantage que s’ils étaient plus sophistiqués), chacune des chansons révèle doucement sa subtile poésie et incite à la redécouverte.

Le petit texte programmatique qu’on peut lire sur le site de la chanteuse en exprime bien les intentions : « “Persona” : Ce mot latin désignait le masque de l’acteur du théâtre antique au travers duquel (per) passe le son (sona). Dans les chansons de cet album, Lise interroge la partie visible et audible du rôle que chacun joue pour trouver sa place dans ce monde, explorant les fêlures, les espoirs, les engagements et les joies de différents moments de la vie. » Un tel dessein, on le comprend, ne peut se livrer d’un seul coup.

Laissons-nous donc intriguer, interroger, enchanter par les chansons que sublime l'originale voix de Lise Martin. Les textes de chacune d’elles, rédigés d’une belle écriture poétique, n’en sont pas moins, très certainement, tout imprégnés de vécu, plus d’un étant d’ailleurs écrit à la première personne du singulier. Singularité qui se mue en pluralité, car ce qu’ils expriment rejoint, bien évidemment, l’expérience que chacun peut éprouver.

« Et quand je suis venue donner ce que j’avais / En retour, j’ai reçu la force des forêts », chante superbement Lise Martin dans J’ai reçu. Et, dans Ophélie, elle s’émerveille car « il neige des pétales de fleurs ». « Mon oiseau, mon frère de bataille / … chante encore », demande-t-elle dans Mon oiseau. Elle exprime aussi le genre de regrets que chacun peut ressentir, dans Si quelque chose craque : « J’ai le vertige quand je vois ce qui pourrait être et qui n’est pas / Ce qu’il faudrait faire et que je ne fais pas ». Et, dans Tes ailes, comment ne pas être touché par cette mise au point qui sonne avec justesse : « Je ne suis pas tes ailes / je suis juste celle qui marche à côté de toi ».

Ces textes, si parfaitement chantés, on le comprend, vont vibrer à merveille notre musique intérieure. Et ils conviennent on ne peut mieux à la voix de Lise Martin, ainsi décrite sur son site internet : « La voix de Lise Martin semble avoir traversé le temps, et vient, avec puissance et douceur, faire vibrer les cordes sensibles. Les chansons qu’elle écrit et composent naissent là où la chanson à texte rencontre la musique folk, et de ce mariage nait un style musical à la fois original et familier où l’on devine tour à tour les influences de Barbara, Joan Baez ou Léonard Cohen. » Peut-on souhaiter mieux que de tel(le)s inspiratrices et inspirateur ? Lise Martin a entamé son chemin d’artiste de la chanson en se plaçant sous de bonnes étoiles. 

8,5/10

 

                                                                                              Luc Schweitzer, ss.ss.

Tag(s) : #Chansons, #Musiques
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