Un film de Christophe Honoré.
Le film démarre sous les meilleurs auspices, puisque, alors qu’apparaît l’image tremblotante de Maria (Chiara Mastroianni), l’on entend la voix de Guillaume Apollinaire récitant Le Pont Mirabeau. « Sous le pont Mirabeau coule la Seine / Et nos amours… ». Le ton du film est donné, mais malheureusement de manière quelque peu trompeuse. Disons que la suite n’est pas à la hauteur d’une si belle introduction, et c’est dommage.
Christophe Honoré a imaginé une histoire totalement fantaisiste, faisant ressurgir dans la vie d’un couple en crise les fantômes du passé. Richard (Benjamin Biolay) découvre sur le téléphone portable de Maria, sa femme, qu’elle le trompe éhontément. Ce qui est savoureux, dans un premier temps, c’est que les clichés semblent totalement inversés. Ici, c’est la femme qui collectionne les amants, tandis que le mari a l’apparence d’un homme très sérieux, très fidèle et très serviable puisqu’il semble s’occuper du ménage et de la cuisine. L’homme modèle, quoi ! Mais quant à accepter l’infidélité de sa femme, il ne faut pas exagérer !
Cette dernière se décide donc à louer une chambre (la chambre 212 !) dans l’hôtel qui se trouve juste en face du domicile conjugal. Et c’est là que surgissent les fantômes du passé, à commencer par Richard lui-même (joué cette fois par Vincent Lacoste) tel qu’il était 25 plus tôt lorsqu’il prenait pour épouse Maria. Viendront plus tard Richard encore à l’âge de l’enfance, mais aussi la mère et la grand-mère de Maria, ainsi que toute la cohorte des amants qu’elle a collectionnés durant toutes ces années. De son côté, Richard a la surprise de revoir Irène (Camille Cottin), celle qui fut sa professeure de musique, celle aussi dont il fut amoureux, avant de lui préférer Maria.
Christophe Honoré s’amuse à jouer de cette ficelle scénaristique, mais au risque, une fois la surprise du début éventée, de la surcharge. Certes, il essaye de varier les points de vue, il s’efforce de multiplier les symboles, mais le formalisme de la réalisation tourne un peu à vide. Les personnages eux-mêmes finissent par paraître en décalage avec ce qu’ils sont censés interpréter. Certaines situations, qui devraient être cocasses, comme lorsque se rencontrent les deux Richard ou, également, les deux Irène (la deuxième étant jouée par Carole Bouquet), tombent à plat, ne font pas même sourire. Le pire intervient lorsque surgit un personnage totalement allégorique, puisqu’il s’agit de « la Volonté » de Maria, personnage censé ressembler à Charles Aznavour ! Heureusement que le ridicule ne tue pas !
Malgré ses quelques qualités, ce qui manque le plus cruellement à ce film, ce sont de vrais acteurs et actrices de comédie. Ni Chiara Mastroianni ni Benjamin Biolay ni même Vincent Lacoste n’ont vraiment les talents qui conviennent pour un film de ce genre. C’est ma conviction.
6/10
Luc Schweitzer, ss.cc.
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C'est un document radiophonique exceptionnel, enregistré entre 1911 et 1914. Le son, certes lointain, donne à entendre la voix de Guillaume Apollinaire lui-même lisant "Le Pont Mirabeau" ...