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3 AVENTURES DE BROOKE

Un film de Yuan Qing.

 

Sa mort en 2010 n’a, semble-t-il, pas éclipsé l’influence d’Éric Rohmer sur certains cinéastes qui s’inspirent ouvertement de son œuvre, de son regard, de sa manière de faire. Cela donne des films bourrés de charme, comme ceux de Guillaume Brac (Contes de juillet en 2017), ou plus quelconques (Alice et le Maire en 2019). Même si on peut leur reprocher d’être un peu trop bavardes, les 3 Aventures de Brooke de Yuan Qing font sans conteste partie de la première catégorie.

Comme l’indique clairement son titre, le film met donc en scène trois histoires survenant dans la vie d’une jeune et charmante chinoise du nom de Xingxi (Xu Fangyi), qui se fait communément appeler Brooke. Venue de Pékin, elle séjourne dans le nord de la Malaisie, à Alor Setar, ville renommée pour sa production de riz. Cela dit, si Brooke y réside, ce n’est nullement afin d’en visiter les rizières, mais plutôt parce que le nom de la ville et son nom chinois ont la même signification : la rivière étoilée. C’est précisément ce cours d’eau que la jeune femme aimerait découvrir.

Le film prend des allures de contes, comme chez Rohmer, avec cette particularité que chacun d’eux débute de la même façon. Brooke circule à bicyclette sur un chemin de campagne des environs d’Alor Setar lorsqu’elle est victime d’une crevaison. Aussitôt, chacune des histoires diverge, tout en se réservant quelques points communs, en particulier l’intervention ou simplement l’évocation d’une cartomancienne.

La première histoire donne un beau rôle à une jeune femme du pays venant au secours de Brooke, au point que toutes deux se lient rapidement d’amitié. Leurs promenades les conduisent jusqu’à une boutique de pierreries où démarre une amusante aventure d’arroseur arrosé, pourrait-on dire, ou, en l’occurrence d’escroc escroqué. La deuxième histoire, la plus bavarde, la moins intéressante, fait intervenir une bande de jeunes gens volant au secours de Brooke, puis devisant sans fin sur leurs projets de restructuration de la ville. Enfin, une troisième histoire, touchante, met en contact Brooke et Pierre (Pascal Greggory, un des acteurs préférés de Rohmer), un écrivain français d’une soixantaine d’années qui, alors qu’il est en panne d’inspiration, est venu rechercher en Malaisie le phénomène appelée « les larmes bleues » qu’on peut parfois observer sur le rivage de l’océan. Comment ne pas songer au Rayon Vert (1986) de Rohmer ? Toujours est-il que, malgré leur différence d’âge, Brooke et Pierre ont un point commun qui les réunit : elle recherche la rivière étoilée, lui les larmes bleues ! Mais le plus important n’est-il pas qu’ils se soient trouvés l’un l’autre ? Le plan final, de toute beauté, ne dit pas autre chose… 

7,5/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films
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