Un film de Makoto Shinkai.
Au royaume du film d’animation à la japonaise, Makoto Shinkai est en passe de détrôner le maître Hayao Miyazaki. Si l’on en juge d’après les records d’entrées qu’atteignent ses films au Japon, Your Name en 2016 et, davantage encore, ce film nouvellement proposé, c’est même quelque chose de déjà établi. Cela dit, n’étant pas de ceux qui estiment que la qualité des films se mesurent à l’aune de leur succès au box-office, je peux me permettre d’émettre de sérieux doutes.
Pour ce qui concerne l’animation en tant que telle ainsi que l’esthétique des films, pas de doute, Shinkai est à la hauteur. Il compose des plans étourdissants et réalise chaque scène, chaque image pourrait-on dire, avec un soin qui impressionne. Pour Les Enfants du temps, il réussit à merveille à montrer un Tokyo submergé par d’incessantes pluies, mais aussi à sublimer la poésie d’un rayon de soleil qui se fraie un passage entre les nuages ou encore, précisément, à emporter ses personnages au-dessus d’un gigantesque cumulo-nimbus. Sur ce plan-là, il n’y a guère de reproches à exprimer : le film offre un somptueux spectacle pour nos yeux.
Mais l’esthétique seule ne suffit pas à faire du bon cinéma. Côté scénario, le film ne procure pas la même satisfaction. Makoto Shinkai reproduit d’ailleurs un récit semblable à celui qu’il mettait en scène dans son film précédent, Your Name. Rien de nouveau, il est question d’une love story entre deux adolescents, la seule originalité étant que la romance se déroule sur fond de dérèglement climatique. En vérité, il ne s’agit là que d’un prétexte utilisé, de façon commode et désinvolte, pour réunir, séparer et réunir à nouveau les deux tourtereaux adolescents. Le cinéaste se permet même de faire énoncer, à la fin du film, des propos climato-sceptiques par une vieille femme. En vérité, l’intention du réalisateur reste nébuleuse. Tout ce qu’on peut dire, c’est que, sous son aspect d’œuvre à l’esthétique tape-à-l’œil, on a affaire à un scénario plutôt banal. Hayao Miyazaki peut dormir sur ses deux oreilles, Makoto Shinkai, malgré son succès, ne lui arrive pas à la cheville !
6/10
Luc Schweitzer, ss.cc.
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"Les Enfants du temps", de Makoto Shinkai
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