LE CAS RICHARD JEWELL

Un film de Clint Eastwood.

C’est une banalité que de constater que, depuis pas mal de temps, Clint Eastwood se plaît à dépeindre, dans ses films, des figures de héros américains. Pour que cette remarque prenne de l’intérêt, il convient d’essayer de caractériser les héros en question. Ce sont toujours des personnages masculins et, quasiment toujours, me semble-t-il, des blancs. Je me borne d’en faire état sans en tirer de conclusions hâtives. Il faut aussi observer que ces individus sont d’abord et avant tout des gens ordinaires et qu’ils ne deviennent des héros que du fait des circonstances. Non seulement aucun ne tire gloire de ce qu’il a fait mais, la plupart du temps, chacun d’eux s’empresse de rappeler qu’il n’a pas agi seul, que d’autres se sont conduits également de manière appropriée. Les héros de Clint Eastwood sont des gens simples et modestes qui ne font « que leur job », rien de plus !

Richard Jewell est bel et bien de cet acabit. Certes, c’est un homme qui a de l’ambition, mais une ambition qui n’a rien de démesuré : il voudrait entrer dans la police plutôt que d’être un simple agent de sécurité. C’est un personnage assez étrange, d’ailleurs, qui vit encore avec sa mère et semble ne s’intéresser à pas grand chose d’autre qu’à son métier. Il avoue quand même, lors d’une scène, qu’il se place parfois aux endroits où il peut regarder des jolies filles. Mais on l’imagine mal faire davantage que regarder.

Toujours est-il que c’est cet homme qui, alors qu’il est engagé comme agent de sécurité aux Jeux d’Atlanta en 1996, repère un sac suspect et donne l’alerte. Sa réaction entraîne un début d’évacuation de la zone. Du coup, lorsque, de fait, une bombe explose, le nombre de victimes en est considérablement amoindri. On ne tarde pas à l’acclamer comme un héros mais pour peu de temps, car, très vite, son statut change du tout au tout. Celui qui était considéré comme un brave devient, en un rien de temps, le suspect numéro 1 !

Clint Eastwood, sans nul doute, a dû éprouver un malin plaisir à décortiquer les incroyables aveuglements des agents du FBI chargés de mener l’enquête, ainsi que de certains journalistes qui ne se font guère de scrupules quand il s’agit de relayer des nouvelles à sensation. Le supposé héros d’Atlanta transformé en terroriste potentiel, en voilà un scoop ! Il n’a pourtant vraiment pas le profil, ce brave garçon joufflu qui vit chez sa maman ! Mais rien n’y fait ! Richard Jewell se montre même, pendant un temps, quasiment coopératif, puisque, en bon citoyen qu’il est, il ne doute pas que la vérité sera rétablie. Heureusement quand même qu’un avocat s’engage à fond pour démontrer son innocence !

Avec ce film, comme avec Sully en 2016, Eastwood propose une oeuvre intéressante, interpellante, tout en conversant une manière de faire des plus classiques. On est loin en dessous des sommets de sa filmographie que furent Impitoyable en 1992 et Sur la route de Madison en 1995, mais cela reste du cinéma de qualité, une qualité qui a fait défaut à plusieurs des films de ce réalisateur ces dernières années.

7,5/10

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.

Le Cas Richard Jewell - Bande Annonce Officielle (VOST) - Paul Walter Hauser / Sam Rockwell

Le Cas Richard Jewell - Bande Annonce Officielle. Le monde connaître son nom et la vérité. Au cinéma le 19 février 2020. Synopsis : En 1996, Richard Jewell f...

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