Un album de chansons en hommage à Guy Béart.
Depuis sa mort en 2015, on avait un peu oublié Guy Béart. Déjà, durant les dernières années de sa vie, il n’avait plus la cote, comme on dit, mais il ne s’en rendait pas compte, lui qui se faisait une idée si belle et si noble de son travail d’auteur-compositeur-interprète, lui pour qui la chanson était un art à part entière. À ce sujet, on peut voir sur Youtube l’altercation qui, sur le plateau d’Apostrophes en 1986, l’opposa à un Gainsbourg insupportable de suffisance et de mépris qui prétendait que la chanson n’était qu’un art mineur avant de se comparer lui-même à Rimbaud (sic) ! Guy Béart, méchamment insulté, ne pouvait pas l’entendre de cette oreille et il avait raison. La distinction entre art majeur et art mineur ne vaut d’ailleurs pas grand-chose. Même l’argument qui s’appuie sur les textes des paroliers de chansons, prétendument bien inférieurs en qualité à ceux des poètes dignes de ce nom, ne tient pas. Ceux qui aiment l’opéra savent fort bien que, assez souvent, les qualités littéraires des livrets n’ont rien d’éblouissant, ce qui n’empêche nullement plus d’une œuvre lyrique de briller au firmament des chefs d’œuvre.
Quoi qu’il en soit, la parution d’un double album en hommage à Guy Béart advient comme un événement qui mérite amplement d’être salué. Il devrait permettre, même aux plus réticents, s’ils veulent bien les écouter, d’admettre que les chansons de Béart furent écrites et composées avec un soin et une inventivité mélodique qui impressionnent encore. Elles n’ont rien perdu ni de leur charme ni de leur pertinence. Chacune d’elles brille encore comme un petit joyau de poésie et il n’est pas étonnant que plus d’une d’entre elles soient chantées dans les écoles. C’était déjà le cas du vivant de leur auteur et il s’en réjouissait.
Un bel article, paru récemment dans le journal La Croix, nous apprend que le double album d’hommage qui sort aujourd’hui (avant une intégrale en 20 CD qui paraîtra le 4 septembre) eut pour point de départ une rencontre entre Emmanuelle Béart et Charles Aznavour, peu avant la mort de ce dernier en 2018. Bien plus avisé que Gainsbourg, Aznavour, impressionné par la qualité et l’abondance du patrimoine artistique de Guy Béart, avait suggéré, à cette occasion, la conception et la parution d’un album hommage, lui-même se proposant pour chanter Il n’y a plus d’après.
Malheureusement, la mort de ce dernier mit un terme à sa participation au projet. On n’en est pas moins heureux de sa réalisation, la chanson que devait chanter Aznavour ayant, en fin de compte, été confiée à Vianney. Ecouter les 20 chansons de l’album, interprétées par de multiples voix et servies par des arrangements d’une grande diversité, c’est, en effet, redécouvrir ce patrimoine, le goûter, l’apprécier pour ses qualités d’écriture et la finesse des mélodies. Nul doute, Guy Béart avait raison de croire à l’excellence de son art.
Cet art, d’ailleurs, ne laisse indifférent aucune génération d’artistes de la chanson, que ce soit celles et ceux qui ont déjà accompli un long parcours ou celles et ceux qui viennent d’en commencer un. Les chansons de Guy Béart s’adaptent merveilleusement à toutes les voix et à tous les genres musicaux. Même quand Akhenaton mêle son rap à la voix du chanteur, on n'a pas de peine à se laisser convaincre.
Mais que dire de Carla Bruni chantant C’est après que ça se passe ou de Laurent Voulzy interprétant Il fait toujours beau quelque part (une chanson qui lui va comme un gant) ou d’Alain Souchon qui s’approprie Seine va ou encore de Maxime Le Forestier qui reprend avec bonheur De la lune qui se souvient ? Les surprises ne manquent pas, la plus émouvante étant d’entendre, à la fin de l’album, la voix presque évanescente de Christophe ayant enregistré, peu de temps avant son décès, Vous – c’est vous.
L’album, ayant été voulu et conçu par Emmanuelle Béart et sa sœur Eve, comporte quatre titres chantés par la première, trois interprétés en duo (avec Thomas Dutronc pour Qu’on est bien, avec Yael Naim pour L’eau vive, avec Julien Clerc pour Frantz -viens, mon cher Frantz). Mais c’est en solo qu’Emmanuelle Béart chante un titre méconnu et particulièrement émouvant : Plus jamais, chanson évoquant le départ de ce monde, tout ce qu’on laisse derrière soi et qu’on ne fera plus jamais. C’est d’ailleurs un des points forts de l’album que de faire entendre non seulement quelques grands succès de Guy Béart, mais aussi des chansons qui sont restées injustement méconnues. Ce sont, en particulier, les artistes les plus jeunes qui les mettent à l’honneur : Clara Luciani interprétant magnifiquement Chanson pour ma vieille et Pomme à qui va si bien la chanson qu’elle a choisie (Ceux qui s’aiment) et dont elle donne, bien sûr, une version tout en subtile émotion. De quoi donner le goût, de quoi susciter le désir de redécouvrir tout le patrimoine que nous a laissé Guy Béart.
10/10
Luc Schweitzer, ss.cc.
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