Un film de Frédéric Farrucci.
Paris a beau être surnommée « Ville lumière », elle n’en a pas moins, autant que n’importe quelle grande ville, ses zones d’ombre et ce qui s’y passe la nuit peut, dans de nombreux cas, être en accord parfait avec les codes du film noir. C’est ce qu’a perçu Frédéric Farrucci qui s’attache ici à décrire la destinée de Jin (Guang Huo), jeune homme venu de Chine qui a réussi à entrer clandestinement en France grâce au concours d’un autre Chinois, Monsieur Xié (Tien Shue), homme inquiétant qui dirige une petite mafia de conducteurs VTC travaillant exclusivement la nuit. Certes, Jin savait plus ou moins à quoi il s’engageait en acceptant de travailler pour ce patron dans le but de lui rembourser sa dette, il n’empêche qu’il se retrouve vite piégé. Monsieur Xié n’est pas un homme avec qui on peut plaisanter, il dirige son monde au doigt et à l’œil, surveillant tous les déplacements de ses chauffeurs au moyen d’une application de géolocalisation. Pas question de prendre des libertés, si ce n’est au risque d’être sévèrement sanctionné et de voir sa dette grossir.
Mais il y a l’imprévu, ce que Jin ne pouvait imaginer : sa rencontre avec Naomi (Camélia Jordana), prostituée, danseuse dans un club privé. Tous les Chinois se contentent, si l’on peut dire, de prostituées de la même nationalité qu’eux. Jin est le seul à se lier avec une Française, qui plus est bourrée de charme. Pour l’amour d’elle, il ose non seulement déroger aux règles établies par Monsieur Xié, mais il envisage d’échapper totalement à ce qui ressemble à un esclavage en fuyant avec Naomi loin de Paris. Peut-on se soustraire à l’emprise d’un homme aussi sourcilleux, aussi impitoyable que le chef de la mafia ? Ce n’est évidemment pas si simple…
Il y a de la beauté dans ce Paris nocturne que filme Frédéric Farrucci, il y a même une sorte de poésie, mais on y voit aussi de multiples laideurs et de nombreuses souffrances , celles des laissés-pour-compte, de ceux qui survivent comme ils le peuvent et à côté de qui l’on peut passer sans les remarquer. Outre les talents conjugués des actrices et acteurs, c’est cette ambivalence entre lumière et ténèbres qui donne à ce film sa caractéristique.
7,5/10
Luc Schweitzer, ss.cc.
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LA NUIT VENUE Bande Annonce (2020) Camelia Jordana, Drame
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