Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

EPICENTRO

Un film de Hubert Sauper.

 

En 2004, Hubert Sauper avait fait sensation avec Le Cauchemar de Darwin, film où il disséquait les méfaits de la mondialisation en prenant pour point de départ de sa réflexion l’introduction d’un prédateur dans le lac Victoria. Aujourd’hui, avec Epicentro, c’est Cuba et, en particulier La Havane, que le réalisateur explore à sa façon, malheureusement, disons-le d’emblée, de manière assez brouillonne, assez hasardeuse.

Cherche-t-il à démontrer quelque chose à propos de l’impérialisme américain ? Certainement, puisque le film commence avec l’évocation d’une lointaine page d’histoire, celle de l’explosion du navire USS Maine en 1898, catastrophe qui déclencha une vague d’expansion des États-Unis hors de leurs frontières. Le réalisateur utilise cet événement pour illustrer une spéculation sur le pouvoir des images, en particulier celles du cinéma : force et faiblesse d’un art qui peut se glorifier d’avoir donné des chefs d’œuvre comme ceux de Charlie Chaplin (que les petits Cubains adulent) mais qui peut aussi être utilisé à des fins de propagande, ce que les puissances mondiales, à commencer par les États-Unis, n’ont pas tardé à comprendre.

La suite du documentaire laisse plus ou moins de côté cette piste pour privilégier les rencontres avec quelques-uns des habitants de La Havane, tout spécialement des enfants et une jeune femme. Hubert Sauper se plaît à enregistrer les discours des enfants, leurs leçons bien apprises, car ils répètent, bien évidemment, le discours officiel, anti-impérialiste, de l’état cubain. Ce qui ne les empêche pas, d’ailleurs, d’exprimer aussi, une sorte de fascination pour ces Américains et leurs créations. Une jeune fille rêve ainsi d’aller un jour à Disneyland ! Quant à La Havane, elle apparaît comme une ville étonnante, contrastée, dont les habitants, pour la plupart, vivent très chichement, tandis que des touristes richissimes s’amusent à visiter l’un des derniers pays communistes du monde.

Si la réflexion sur le pouvoir du cinéma, que le réalisateur intègre au début et à la fin de son film, ne manque pas d’intérêt, malgré son aspect didactique, le reste donne une impression de seulement effleurer un sujet. En fin de compte, une fois qu’on a vu ce film, on n’en sait pas beaucoup plus sur Cuba et La Havane qu’avant de l’avoir vu. Quant à concevoir cette île comme un épicentre des manifestations de l’impérialisme occidental (depuis la traite des  esclaves jusqu’à la mondialisation en passant par la colonisation), pourquoi pas ? Les intuitions d’Hubert Sauper ne manquent pas de pertinence, mais le film, lui, malheureusement, en privilégiant la voix des enfants, ne parvient pas à les approfondir.

6/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films, #Documentaires
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :