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HONEYLAND

Un film de Tamara Kotevska et Ljubomir Stefanov.

 

 

Ce documentaire, tourné du côté de Skopje, dans des territoires arides, quasi désertiques, de Macédoine, ressemble à une fable qu’on pourrait appeler « La pauvre apicultrice et le voisin encombrant ». Sous ses allures de conte, le film est bel et bien un documentaire cependant, et des plus intéressants, des plus instructifs.

J’ai employé le mot « apicultrice » de manière un peu abusive, à vrai dire, car Hatidze, la femme au visage buriné que Tamara Kotevska et Ljubomir Stefanov ont dénichée et filmée, ne possède pas de ruches, mais récolte le miel de colonies d’abeilles sauvages. Elle les trouve dans des endroits périlleux, dans les montagnes, dans des creux de rochers, ou alors dans un mur évidé. Elle les visite régulièrement et ne prélève que la moitié des rayons de miel, car elle sait qu’il faut en laisser une bonne partie aux insectes. Sa récolte, elle va de temps en temps la vendre à Skopje et ne gagne ainsi que juste ce qu’il faut pour subvenir aux besoins de sa mère âgée et impotente et d'elle-même. Comme tous les habitants de ce coin-là, elle se contente de vivre dans une humble masure, sans aucun confort. Son seul luxe, c’est un petit transistor avec lequel elle a d’ailleurs beaucoup de mal à capter quoi que ce soit.

Or voilà qu’un jour arrive, dans ce village isolé, une famille de nomades turcs bien décidés à s’y installer pour un bon bout de temps. Dès lors, c’en est fini du calme qui régnait jusque là dans le hameau. Les turcs, qui ont avec eux tout un troupeau de bovins, se composent des parents et d’une ribambelle d’enfants bruyants et turbulents. Or le père a la funeste idée de vouloir installer et exploiter un rucher, espérant ainsi améliorer sensiblement ses revenus. Pour Hatidze, l’initiative de cet homme est catastrophique, car elle rompt l’équilibre naturel de ce territoire, augmentant trop considérablement le nombre des abeilles qui y sont présentes, ce qui risque de faire périr les colonies d’insectes sauvages. Bien décidée à ne pas se laisser faire, Hatidze s’efforce dès lors de faire respecter ses droits. Mais ce faisant, ce n’est pas seulement elle-même qu’elle cherche à protéger, elle ne songe pas uniquement au petit pécule que le miel qu’elle récolte lui permet de gagner, elle œuvre aussi et surtout pour la survie des abeilles sauvages et, consciemment ou non, pour la préservation de l’harmonie de la nature. C’est là, la leçon principale de ce beau film : entre l’homme et la nature, il importe de sauver l’équilibre, un équilibre fragile que le moindre changement peut altérer. Instinctivement, Hatidze l’a compris, elle qui ne prend aux abeilles que la moitié de ce qu’elles produisent et rien de plus.  

8/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films, #Documentaires
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