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LES APPARENCES

Un film de Marc Fitoussi.

 

Tous les critiques de ce film le soulignent à l’envi, son scénario aurait beaucoup plu à Claude Chabrol, mais on peut aussi se référer à Hitchcock, qui aurait sans doute apprécié l’histoire qui nous est ici contée. Cela étant, Marc Fitoussi se débrouille plutôt bien et fait passer, presque comme une lettre à la poste, quelques petites faiblesses scénaristiques.

On se demande bien pourquoi, par exemple, Henri Monlibert (Benjamin Biolay), chef d’un grand orchestre de Vienne, n’a pas davantage verrouillé l’accès au contenu de son téléphone portable tout comme de son ordinateur. Son épouse Evelyne (Karin Viard), qui préfère être appelée Eve, n’a nul besoin de se creuser longuement les méninges pour parvenir à afficher et à lire sa messagerie. Ce qui lui permet de découvrir que son cher et tendre mari a une maîtresse, qui se trouve être, qui plus est, Tina (Laetitia Dosch), la maîtresse d’école de leur fils.

Or, dans le petit monde des Français expatriés dans la capitale autrichienne, il convient, avant tout, de faire bonne figure, quoi qu’il arrive, et de sauver les apparences. À son fils lui-même, Eve jure ses grands dieux que jamais son père et elle ne divorceront. Pourtant, par ailleurs, elle ne se prive pas d’organiser sa petite vengeance, afin de mettre dans l’embarras les amants jusqu’à, bien sûr, si possible, les désunir. Les choses s’embrouillent et se corsent encore davantage lorsqu’elle-même, un soir d’ivresse, se laisse séduire par un inconnu, un certain Jonas (Lucas Englander), un jeune homme qui a déjà eu affaire à la justice pour avoir harcelé une femme et qui, depuis, porte un bracelet électronique. Or ce Jonas ne tarde pas à découvrir que sa conquête d’une nuit dirige une médiathèque que, bien sûr, il se met à visiter assidûment.

Tout est en place, dès lors, pour que se déroule la mécanique des mensonges à répétition, l’engrenage des faux-semblants, la ronde endiablée des tromperies qui ne peut se résoudre que par un drame. Dans ce microcosme viennois, même quand tout va mal, il faut faire comme si tout allait bien jusqu’à, parfois, oser proférer les mensonges les plus énormes. Ainsi, Tina, prise au piège que lui a tendu Eve, convoquée devant les parents d’élèves de sa classe et qui parvient à se tirer d’affaire au moyen d’une stupéfiante affabulation. Pour mener à bien son histoire, Marc Fitoussi a fait un choix d’acteurs et d’actrices judicieux : Benjamin Biolay aux airs impassibles, Karin Viard à la fois ébranlée, rusée et déterminée, Laetitia Dosch amoureuse et impudente… Tout ou presque concourt à faire de ce film un cru haletant mais qui se déguste. Après tout, ce que l’histoire ici contée nous dit, c’est que l’accumulation des mensonges conduit forcément au désastre.

8/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films
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