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LES CHOSES QU’ON DIT, LES CHOSES QU’ON FAIT

Un film de Emmanuel Mouret.

 

Emmanuel Mouret nous avait habitués à l’exploration des sentiments et des atermoiements du coeur au moyen de films légers, plutôt agréables mais, il faut le dire, ne laissant pas de souvenirs impérissables. Avec son nouveau film, le réalisateur semble vouloir monter d’un cran les marches de l’ambition, à l’exemple de Maxime (Niels Schneider), un de ses personnages qui se rêve en écrivain d’excellence tout en doutant de ses capacités. Emmanuel Mouret a-t-il eu des doutes, lui aussi, quant à ses talents de raconteur d’histoires ? Comment savoir ? En tout cas, ce film s’avère être, et de loin, le plus recherché et le plus complexe de sa filmographie.

Difficile de résumer un long-métrage comme celui-là. Disons que la rencontre de Maxime et de Daphné (Camélia Jordana), jeune femme enceinte de trois mois dont le compagnon, François (Vincent Macaigne), a dû s’absenter pour des raisons professionnelles, donne lieu à de longs échanges où chacun confie à l’autre ses histoires sentimentales. À partir de là, le film tout entier déroule de multiples histoires de ce type, histoires qui se croisent, formant quelque chose comme un bouquet de récits mettant en scène de multiples personnages. D’une certaine façon, le roman que voudrait écrire Maxime se déploie sur l’écran à la manière d’un film choral.
Raconter toutes ces histoires entrecroisées par écrit serait d’ailleurs peut-être rébarbatif mais, à l’écran, même si on peut avoir l’impression d’être en présence d’un jeu complexe et quelque peu artificiel, cela passe plutôt bien. Le film, s’il prend le risque d’être un peu trop bavard, bénéficie néanmoins d’une inventivité formelle assez intéressante, ne serait-ce que du fait de l’introduction de belles plages musicales.

Mais l’intérêt suscité par cette œuvre vient surtout de la valse-hésitation des divers personnages, tous et toutes impliqué(e)s dans un lacis d’histoires sentimentales, tous et toutes guidé(e)s par la force des désirs tout en recherchant quelque chose de différent, qui ne serait pas seulement le désir mais l’amour. À ce sujet, il est une scène qui, à elle seule, semble donner la clé fondamentale de tout le film, de tout le méli-mélo des histoires. C’est Louise (Émilie Dequenne) qui en a la révélation, en quelque sorte. Alors qu’elle est troublée, déboussolée, ne sachant plus comment conduire sa vie, elle regarde par hasard un documentaire dans lequel s’exprime un philosophe. Or ce dernier explique que l’amour vrai ne cherche nullement la possession mais uniquement le bien-être : on n’aime pas l’autre quand on veut en être le propriétaire, on l’aime parce qu’on veut son bien et rien de plus. De telles paroles suffisent à apaiser Louise. C’est là un des meilleurs moments de ce film inégal, il faut bien le dire, mais qui vaut le déplacement.

7,5/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films
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