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ONDINE

Un film de Christian Petzold.

 

La légende d’Ondine, nymphe des eaux recueillie et adoptée par un couple de pêcheurs avant de rencontrer un chevalier errant et de succomber à un amour réciproque marqué par une inquiétante fatalité, a inspiré plus d’un artiste et, tout particulièrement, Jean Giraudoux qui en fit une remarquable pièce de théâtre, en prenant soin de conserver à cette histoire son caractère féérique et quasi intemporel. Christian Petzold, lui, s’est convaincu qu’un tel récit pouvait être transposé dans une réalité résolument contemporaine sans rien perdre de sa substance. Le moins qu’on puisse, à mon avis, c’est que le résultat n’est pas probant.

On imagine combien le scénariste de ce film s’est creusé les méninges pour y multiplier les références aquatiques. On a donc droit à un lac, à un scaphandrier, à des vues subaquatiques, à un aquarium qui explose, à un robinet qui goutte et même au nom de famille d’Ondine, ô combien subtilement choisi (Wibeau) ! En vérité, on l’a compris, le film se complaît dans de nombreuses indications lourdement symboliques qui ont bien du mal à convaincre. Par ailleurs, bizarrement, le scénariste a opté pour des choix qui paraissent totalement incongrus. Quelle idée saugrenue, par exemple, que d’avoir reconverti Ondine en guide-conférencière spécialisée dans l’urbanisme de Berlin, elle qui est censée être une nymphe des eaux !

Pour couronner le tout, beaucoup des scènes du film étonnent par la platitude de leur réalisation, y compris celle de l’explosion de l’aquarium qui aurait pourtant dû être un des moments intenses de l’œuvre. Les images des profondeurs du lac ne valent pas mieux, même lorsqu’elles se fixent sur un effrayant silure. Quant aux personnages, eux aussi déconcertent au point de générer pas mal d’ennui. Comment comprendre Christoph (Franz Rogowski), pourtant fou amoureux d’Ondine, préférant lui faire réciter l’une de ses conférences au moment où elle voudrait faire l’amour avec lui ?

Mais c’est le film en entier, ou presque, qui n’est guère plus attrayant qu’un discours sur les monuments de Berlin. Les allers et retours entre la ville et le lac où travaille Christoph paraissent, très vite, monotones. Du fait de la contemporanéité du film et de ses choix scénaristiques, sa bifurcation soudaine vers le féérique, lorsqu’elle survient, paraît totalement arbitraire et sa fin absurdement déroutante. En fin de compte, le seul gros point positif de ce film, c’est l’actrice Paula Beer dans le rôle-titre : même dans un film médiocre, elle est capable d’envoûter les regards. 

5/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films
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