Un film de Albert Dupontel.
Qui sont donc ces cons auxquels il convient de dire adieu ? Apparemment, ce sont plutôt des institutions que des individus que vise le cinéaste : la police, l’administration et, plus généralement, le monde numérisé dans lequel nous évoluons de nos jours. En somme, dans la mesure où nous participons, d’une manière ou d’une autre, à ce monde-là, nous sommes tous des cons. Chacun en prend pour son grade, comme on dit.
Albert Dupontel se lance donc résolument dans un combat, évidemment perdu d’avance, contre une certaine modernité. Ou plus exactement, son personnage (car le cinéaste joue également l’un des rôles principaux du film) s’est résolu à en finir avec ce monde en se suicidant. Un suicide raté, bien sûr, mais qui prélude à une série de rencontres et de rebondissements ahurissants. Le cinéaste se délecte à nous en mettre plein les yeux, il multiplie les plans virtuoses, mais à quoi bon puisque tout ce clinquant n’est malheureusement au service que d’une suite de fadaises sans queue ni tête.
Avec Viriginie Efira (qui joue le rôle d’une femme gravement malade et désireuse de retrouver l’enfant dont elle avait accouché quand elle avait quinze ans et qu’elle avait abandonné) et Nicolas Marié (qui joue un agent de l’administration atteint de cécité), Albert Dupontel prend la fuite, tout en emportant son ordinateur super puissant ! Ce n’est là, à vrai dire, qu’une des nombreuses incohérences d’un scénario incroyablement bâclé. Comment se fait-il que l’homme qui voulait en finir avec la société numérisée se transforme tout à coup en démiurge de cette même société, intervenant avec son clavier pour faire agir à sa guise les choses et les gens comme s’il n’avait affaire qu’à des pantins ? Le summum de l’aberration de cette histoire survient lorsque les protagonistes retrouvent l’enfant perdu par Virginie Efira (par son personnage, en tout cas), un garçon devenu adulte et amoureux transi d’une belle jeune fille à qui il n’ose pas parler. Qu’à cela ne tienne ! Le magicien du clavier est là, il peut faire monter et descendre les ascenseurs de l’immeuble où se trouvent les futurs tourtereaux. Car, bien sûr, tout peut s’organiser à distance, y compris la rencontre de ces deux-là (qui tourne d’ailleurs à une étourdissante nunucherie) !
Je pourrais multiplier les exemples pour prouver encore à quel point, sous ses grands effets de caméra, le film est bâclé. Que sont les personnages de ce film sinon des marionnettes ? Et que vaut un scénario qui égrène à loisir les coïncidences et les invraisemblances ? A moins de proposer une œuvre franchement burlesque, cela ne tient pas. Le nihilisme de la scène finale ne peut rien y changer : ce film est consternant de médiocrité.
3/10
Luc Schweitzer, ss.cc.
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ADIEU LES CONS Bande Annonce (2020) NOUVELLE, Virginie Efira, Albert Dupontel
ADIEU LES CONS Bande Annonce (2020) NOUVELLE, Virginie Efira, Albert Dupontel © 2020 - Gaumont