Un film de Edoardo Ponti.
Son dernier rôle dans une fiction de cinéma, c’était en 2009 dans Nine de Rob Marshall. Or, à 86 ans, voilà Sophia Loren de retour dans un film (diffusé sur Netflix), qui plus est sous la direction de son fils Edoardo Ponti. La surprise est de taille et, bien sûr, a de quoi ravir beaucoup de cinéphiles. Pas besoin de davantage pour aiguiser la curiosité.
C’est un grand rôle que le réalisateur a confié à sa mère : celui de Madame Rosa, ancienne prostituée qui, pour subvenir à ses besoins, accueille, chez elle, des enfants qui sont confiés à sa garde. Ce personnage fut imaginé par Romain Gary, sous le pseudonyme d’Emile Ajar, pour son roman éponyme, prix Goncourt en 1975. Cette œuvre fut déjà adaptée plusieurs fois au cinéma, en particulier, dès 1977, par Moshe Mizrahi qui avait confié à Simone Signoret le rôle de Madame Rosa, dans une version rigoureusement fidèle au livre. Edoardo Ponti, lui, a préféré une adaptation plus libre, transposant l’action du roman du Paris de Belleville à une ville portuaire d’Italie baignée de soleil.
Le rôle principal étant joué par Sophia Loren, le cadre italien convient parfaitement. Cette dernière, du haut de ses 86 ans, reste incroyablement captivante. Le personnage de Madame Rosa, dont il faut préciser qu’il s’agit non seulement d’une ancienne prostituée mais d’une Juive qui fut déportée à Auschwitz, ce qu’atteste un matricule indélébile tatoué sur l’un de ses bras, lui donne l’occasion de déployer la beauté et la profondeur de son jeu. Entre elle et Momo (Mohamed de son vrai prénom, mais il ne supporte pas d’être appelé autrement que Momo), entre elle et lui, un garçon d’origine sénégalaise d’une douzaine d’années qui, dans un premier temps, lui a volé son sac, se noue une relation complexe, évolutive, qui transforme les regards.
Orphelin, Momo a été recueilli par un médecin qui, dépassé par la charge qui lui incombe, préfère le confier à la surveillance de Madame Rosa. Ce n’est pas avec enthousiasme que cette dernière accepte, c’est le moins qu’on puisse dire, d’une part parce qu’elle a identifié le voleur de son sac, d’autre part parce que le garçon lui-même manifeste bien peu d’entrain à l’idée de rester chez elle. Néanmoins, la cohabitation a lieu et les rapports entre le garçon et la vieille femme se transforment au fil du temps. Sans doute le jeune orphelin perçoit-il quelque chose des épreuves endurées par une femme qui semble de plus en plus encline à sombrer dans la léthargie. Heureusement qu’autour d’elle s’est constituée une sorte de petite communauté de personnes bienveillantes qui veillent sur elle.
Dommage, cependant, que le réalisateur ait cru bon de filmer des scènes fantasmatiques où le garçon croit voir une lionne qui lui rappelle son Afrique natale. Ces quelques scènes maladroites, voire ratées, ne diminuent cependant pas gravement la qualité de la majeure partie du film. Il faut dire que, face à Sophia Loren, le jeune Ibrahima Gueye, dans le rôle de Momo, non seulement ne démérite pas mais crève l’écran grâce à son naturel. La complicité qui s’est nouée entre le garçon et son aînée saute aux yeux.
7,5/10
Luc Schweitzer, ss.cc.
/https%3A%2F%2Fi.ytimg.com%2Fvi%2FFWnmTbuzCL8%2Fhqdefault.jpg)
La Vie devant soi | Bande-annonce officielle VF | Netflix France
Il y a des rencontres qui changent le cours des choses. Et d'autres qui vous sauvent la vie. LA VIE DEVANT SOI, avec Sophia Loren et Ibrahima Gueye. Disponib...