Un film de Jon Chu.
Il est passé, le temps où, à l’instar des westerns, l’on tournait des quantités étonnantes de films musicaux. De nos jours, quand un film de ce genre sort sur les écrans, cela fait figure d’événement. Que ce type de longs-métrages soit boudé par les réalisateurs, c’est très regrettable. Preuve en est ce film pour le moins enthousiasmant de Jon Chu, adaptation d’une comédie musicale de Broadway, dont l’action se déroule à Washington Heights, un quartier de New-York habité par de nombreux latinos venus, pour la plupart, de République dominicaine, de Cuba ou de Porto-Rico.
Précisément, ce sont des garçons et des filles issus de ces trois pays qui, au milieu d’une multitude de figurants tous très talentueux, évoluent au cours d’un été très chaud marqué par une gigantesque panne d’électricité qui sert, en quelque sorte, de pivot à l’histoire. Quatre protagonistes se détachent : Usnavi (Anthony Ramos), ainsi prénommé parce que les premiers mots que vit son père en arrivant à New-York se trouvaient inscrits sur le flanc d’un navire de guerre (US Navy), Nina (Leslie Grace), Benny (Corey Hawkins) et Vanessa (Melissa Barrera). Tous les quatre apparaissent tiraillés entre, d’une part, l’envie de croire encore un peu au rêve américain et, d’autre part, leur quotidien désenchanté de descendants d’immigrés. Il y a un mot espagnol, le mot sueñitos, en français « petit rêve », qui ponctue l’ensemble du film. Usnavi et les autres personnages aspirent à une vie différente, tout en se heurtant aux réalités d’une existence qui ne s’encombre guère de cadeaux. Retourner au pays d’où l’on vient, ou d’où viennent ses parents, ou, au contraire, rester à New-York, chacune et chacun est désireux de faire des choix ouvrant à une vie meilleure. Travaillant dans une épicerie, Usnavi, quant à lui, songe sérieusement à renouer avec ses origines en partant définitivement en République dominicaine. Mais la rencontre de Vanessa, qui rêve, elle, de devenir styliste à New-York, contrecarre ses plans car, bien sûr, il s’éprend de la jeune fille.
Pour souligner la vitalité des protagonistes, leurs débordements d’énergie, même lorsque règne la canicule, rien de tel que de renouer avec la comédie musicale. Le créateur de D’où l’on vient, Lin-Manuel Miranda, lui-même habitant du quartier de Washington Heights, a voulu célébrer en musiques, en chansons et en danses la diversité de ce morceau de New-York. Mais encore fallait-il réussir le passage de la scène à l’écran. Grâce à la fabuleuse inventivité du réalisateur, John Chu, c’est chose faite. La musique, mélange de salsa et de hip-hop, les chansons, les chorégraphies, tout est euphorisant. Le film est long, mais on ne risque pas de s’ennuyer. Les séquences galvanisantes s’enchaînent à merveille, rappelant les meilleurs films musicaux de jadis : danses aquatiques qui font songer aux merveilleux numéros imaginés par Busby Berkeley (1895-1976) ou chorégraphie en apesanteur sur le mur d’un immeuble, tout comme le fit Fred Astaire (1899-1987) quand il dansa sur des murs et un plafond dans Mariage royal (1951) de Stanley Donen (1924-2019).
Que souhaiter de mieux, pour honorer la culture hispanique de l’immigration, tout en abordant sans détours les questions de la discrimination et des échecs de l’assimilation, que ce film tout en musique et en danse ? Quant aux visages d’actrices et d’acteurs qui se découvrent à nous à cette occasion, c’est peu de dire qu’ils suscitent l’enthousiasme. Il paraît qu’aux États-Unis, certains ont estimé qu’ils n’avaient pas la peau assez noire ! Au point même que le créateur de la comédie musicale, Lin-Manuel Miranda a dû faire amende honorable ! Mais qu’importe cette stupide polémique face à la splendeur de ce film !
8/10
Luc Schweitzer, ss.cc.
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