Que de trésors, qui dormaient dans les archives de l’INA (Institut National de l’Audiovisuel), sont à présent, grâce à la magie des moyens modernes de diffusion, accessibles au grand nombre ! Beaucoup de ces précieux documents sont mis en ligne sur le Web (www.ina.fr), certains sont également édités en DVD.
Sans se laisser aller à trop de nostalgie, on est tout de même heureux de revoir ainsi à loisir des artistes aujourd’hui disparus, mais qu’on aime toujours avec passion. Ainsi en est-il de Jean-Roger Caussimon (1918-1985), fêté, pourrait-on dire, par un superbe coffret de deux DVD bourré de documents rares et ô combien émouvants !
Pour ceux à qui le nom de Caussimon ne dit rien, rappelons donc rapidement qui il fut. En schématisant forcément quelque peu, on peut dire qu’il fut l’homme de deux passions : celle du théâtre et celle de la chanson. Dès 1944, il est engagé par Charles Dullin au Théâtre de l’Atelier ; il interprète sur les planches des rôles prestigieux, notamment ceux de Volpone ou de Richard III. Il apparaît également dans de très nombreuses fictions des débuts de la télévision et dans une centaine de films diffusés sur grand écran. De grands noms du cinéma font appel à lui : Jean Renoir, Marcel Carné, Bertrand Tavernier…
Dans le même temps, Caussimon écrit. Il sait que ses textes ont vocation à être dits ou, mieux encore, chantés. La rencontre décisive a lieu en 1947 : c’est celle de Léo Ferré. Naît alors une grande amitié. Ferré met en musique et chante des textes de Caussimon : « A la Seine », « Monsieur William », etc. D’autres interprètes sont également séduits : Catherine Sauvage, les Frères Jacques, Philippe Clay,…
Ce n’est que dans les années 70 qu’il se décide à être son propre interprète ; il se produit de moins en moins en tant qu’acteur afin de se consacrer presque exclusivement à la chanson. Il enregistre six albums et multiplie les récitals. Ses chansons sont parfois intimistes, souvent elles interrogent le monde contemporain. Quand on les écoute aujourd’hui, en 2009, on se dit d’ailleurs qu’elles n’ont rien perdu de leur pertinence.
A Léo Ferré qui lui décernait le titre de poète, il écrivait, dans une lettre de 1967 : « Faites-moi une petite place de chansonnier. Et déjà je serai content. » En vérité, il fut bien plus qu’un simple chansonnier, mais c’était un homme modeste…
Luc Schweitzer