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CETTE MUSIQUE NE JOUE POUR PERSONNE

Un film de Samuel Benchetrit.

 

 

Pour notre plaisir, on retrouve ici les ingrédients du cinéma de Samuel Benchetrit, en particulier d’Asphalte (2015), un mélange des genres qui fait sans cesse hésiter entre le rire et, sinon les larmes, en tout cas l’émotion. Semblable à Quentin Dupieux auquel sa touche cinématographique fait penser, le réalisateur se plaît à inventer des galeries de personnages plutôt hauts en couleurs qu’il fait évoluer dans des situations toujours à la limite de l’invraisemblable. Pourtant, passées les premières scènes, car il faut un peu de temps pour se familiariser avec un style assez particulier, on ne tarde pas à se prendre au jeu jusqu’à s’attacher à ces étonnants personnages.

Pour ce qui est de leur côté farfelu ou saugrenu, nous sommes servis. Benchetrit rassemble ici une équipe d’acteurs aux allures pataudes, qu’on se régale de retrouver, pour en faire une bande se livrant à des trafics (auxquels on ne comprend d’ailleurs pas grand-chose, mais c’est sans importance). Parmi eux se distinguent Bouli  Lanners et Joeystarr, deux gugusses se démenant pour convaincre les camarades de classe de la fille de leur patron de venir à sa fête (on ne dit plus « boum », leur assène-t-elle) d’anniversaire, en usant de méthodes, disons, viriles. Le patron, quant à lui, joué par François Damiens, le voilà qui s’est inscrit à un cours de poésie afin de pouvoir déclarer (en vers) sa flamme à une caissière de supermarché dont il est follement épris (alors que sa femme, elle, jouée par Valeria Bruni-Tedeschi, passe le plus clair de son temps à regarder des séries à deux sous à la télévision). On appréciera aussi une brève mais amusante séquence avec Vincent Macaigne, lequel se retrouve adopté malgré lui par une famille indienne qui croit voir en sa personne la réincarnation de leur défunt fils. Mais le pompon du film, ce sont les scènes confiées à Gustave Kervern et Vanessa Paradis, le premier s’entichant de plus en plus de la deuxième, une comédienne handicapée par un bégaiement qui, fort heureusement, disparaît dès qu’elle est sur scène. S’apprêtant à jouer le rôle de Simone de Beauvoir dans une comédie musicale ( !), elle a d’abord l’idée de demander à Gustave Kervern de lui donner la réplique pour répéter son rôle, avant que ce dernier, suite à des petits (ou grands) arrangements de sa part, obtienne de jouer rien moins que le rôle de Sartre en personne !

Ce survol des principaux personnages du film suffit à faire comprendre qu’on a affaire à une œuvre qu’on pourrait dire tragi-comique penchant fortement du côté de l’absurde. Mais il faut ajouter qu’en fin de compte, une caractéristique réunit presque tous les protagonistes : tous et toutes recherchent, d’une façon ou d’autre, ce qui seul a vraiment de l’importance, aimer et être aimé. C’est leur profonde humanité et c’est ce qui les rend touchants.  

7,5/10

 

                                                                                                   Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films
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