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LA TRAVERSÉE

Un film de Florence Miailhe.

 

 

C’est après avoir réalisé quelques courts-métrages que Florence Miailhe s’est décidée à se lancer dans l’aventure d’un long-métrage d’animation et ce, au moyen d’une technique très particulière de peintures sur verre directement animées sous la caméra. Quel que soit ce procédé, ce qui est sûr, c’est que le résultat est de toute beauté. Influencée par des peintres comme Chagall, Matisse, Derain et Vuillard, Florence Miailhe nous fait voyager dans de véritables tableaux qui, souvent, se parent de couleurs chatoyantes.

Voilà pour la splendeur visuelle de ce film, mais, s’il nous séduit, c’est aussi parce que, aidée en cela par la romancière Marie Desplechin, il nous transporte dans un scénario, bien construit, aux résonances contemporaines. Sans situer précisément leur histoire ni dans le temps ni dans l’espace afin de lui conserver une dimension à la fois universelle et intemporelle, les deux scénaristes nous racontent l’odyssée de deux enfants, Kyona et Adriel, obligés de fuir leur village mis à sac par des pillards afin de chercher refuge sous des cieux plus hospitaliers. Si, comme dans les contes, les deux enfants, au cours de leur errance, rencontrent des « ogres » qui vendent les enfants aux plus offrants, il leur arrive aussi, fort heureusement, d’avoir affaire à des personnages qui leur portent secours, comme une vieille « Baba Yaga » au cœur d’une forêt hivernale. Ce qui ne les empêche pas, malheureusement, de se retrouver, plus tard, derrière les barbelés d’un sinistre camp de rétention. Au moyen de cette « traversée » de deux enfants en quête d’un pays où se construire un avenir, où se bâtir une vie meilleure, c’est une évocation de toutes les migrations et de tous les migrants qui nous est proposée là. Florence Miailhe a certes pensé à sa propre famille, à ses arrière-grands-parents, Juifs d’Ukraine ayant dû fuir les pogroms du début du XXe siècle, à sa mère et à son oncle ayant gagné la zone libre afin d’échapper aux nazis, mais comment ne pas voir aussi, en Kyona et Adriel, tous les migrants d’aujourd’hui, toutes celles et tous ceux qui cherchent asile parce qu’il ne leur était plus possible de demeurer chez eux ? Elles sont nos sœurs, ils sont nos frères. 

8,5/10

 

                                                                                                   Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films, #Films d'animation
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