Un film de Emmanuelle Bercot.
Benjamin (Benoît Magimel) est un professeur d’art dramatique, proche de la quarantaine, dont le parcours bascule soudainement le jour où il apprend qu’il est atteint d’un cancer du pancréas de stade 4, inguérissable. Il lui reste, tout au plus, une année de vie. Sa mère, Crystal (Catherine Deneuve) l’accompagne, le plus qu’elle peut, dans cette terrible épreuve, refusant, dans un premier temps, de croire à l’inéluctable avant d’être bien obligée de s’y résoudre. Et la réalisatrice d’égrener les quatre saisons de sursis d’un homme qui se sait condamné. Outre sa mère, sur la scène de ce qui lui reste de vie, sont présents, au début, les jeunes gens à qui il continue, tant qu’il en est capable, d’enseigner l’art dramatique, mais également un fils qu’il a abandonné peu après sa naissance et qui, ayant appris, la terrible nouvelle concernant son père, fait le voyage de l’Australie jusqu’à la France pour être au plus près du malade, pas davantage, car il n’arrive pas à se résoudre à le visiter. Et puis, il faut ajouter le personnel de l’hôpital, les soignants, à commencer par le docteur Eddé, interprété par Gabriel Sara, un authentique cancérologue, et les infirmières, avec une mention spéciale pour Eugénie (Cécile de France).
Il ne manque rien, aucun ingrédient, pour faire de ce film une œuvre touchante, larmoyante à souhait. Bien sûr, en tant que spectateurs, nous sommes profondément émus par ce qui apparaît à l’écran. Comment faire autrement ? Or c’est précisément la limite d’un film qui, d’une certaine façon, nous piège dans un flot presque ininterrompu d’émotions et de bons sentiments. C’est particulièrement le cas pour toutes les scènes impliquant l’équipe hospitalière, soudée autour du docteur Eddé. Ce dernier fait montre d’une telle empathie, d’une écoute si attentionnée, d’une si grande sagacité dans ses propos qu’on se demande si l’on a affaire à un personnage réel. Pourtant, comme je l’ai indiqué, le rôle est tenu par un véritable cancérologue (mais qui exerce sa spécialité à New York et non pas en France). On croit rêver quand on le voit, au terme d’une réunion avec son équipe, se mettre à accompagner des chants joyeux à la guitare. Il faut mentionner aussi le rôle tenu par Cécile de France : Eugénie, une infirmière délicate, attentive et… amoureuse ! Comment accorder le moindre crédit à l’ébauche d’idylle qui se noue entre le malade et elle ? Tout semble si beau et si idéal dans ce service hospitalier qu’on a de la peine à y croire. N’a-t-on pas suffisamment entendu les soignants expliquer à quel point leurs conditions de travail sont difficiles ? Eh bien, rien de tel dans le film d’Emmanuelle Bercot, bien au contraire, si ce ne sont, bien évidemment, les peines endurées par le fait d’accompagner des personnes en fin de vie.
Il reste néanmoins, dans ce film, quand il ne s’encombre pas trop de procédés romanesques à bon marché, de très belles scènes, que ce soit dans chacune des séquences tournées avec les apprenti(e)s comédien(ne)s que Benjamin se charge de former ou dans celles qui mettent en présence le malade et sa mère Crystal. D’autant plus que, par une sorte d’ironie comme la vie en réserve parfois, c’est Catherine Deneuve qui, pendant le tournage du film, avait dû être hospitalisée d’urgence pour un AVC. Sachant cela, toutes les scènes où elle apparaît semblent marquées d’un sceau particulier, indéfinissable.
6/10
Luc Schweitzer, ss.cc.
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