Un film de Magnus Von Horn.
En 2015, dans Le Lendemain, Magnus Von Horn avait filmé de manière convaincante et inventive le difficile retour dans sa communauté d’un adolescent ayant purgé une peine de prison pour avoir étranglé sa petite amie. Sweat, son deuxième long-métrage, ne bénéficie malheureusement pas des mêmes qualités de mise en scène, pas de façon continue en tout cas.
C’est une jeune femme, Sylwia (Magdalena Kolesnik), qui, cette fois-ci, est le personnage principal du film. Elle ne passe pas inaperçue avec ses cheveux blonds, ses yeux limpides et, surtout, son corps sculptural. Un corps modelé par des heures et des heures d’exercice intensif, puisque l’on a affaire à une coach de fitness, suivie, sur les réseaux sociaux, par de nombreux abonnés (elle en revendique pas moins de 600 000). Le film s’attache à son parcours sur une durée de quarante-huit heures, en prenant soin d’articuler le personnage public, Sylwia telle qu’elle est tenue de se montrer à ses admirateurs, toujours souriante et débordante de vitalité, et le personnage privé, la jeune femme se retrouvant seule chez elle, si ce n’est avec la présence de son chien, l’être qu’elle aime probablement le plus au monde, ou encore en visite chez ses parents…
Magnus Von Horn s’attache surtout à examiner les conséquences de deux événements survenant dans la vie de Sylwia : d’une part, la présence d’un homme en voiture qui la suit partout et qu’elle accuse de harcèlement, sans parvenir à trouver d’aide ni de conseil auprès de qui que ce soit ; d’autre part, une invitation à une matinale télévisée dont elle espère qu’elle représentera pour elle une sorte de consécration.
Malheureusement, Magnus Von Horn ne parvient pas à tirer grand-chose de ce matériau, sinon de proposer une critique somme toute assez convenue d’une réalité qui privilégie l’apparence, sans se soucier de quoi que ce soit d’autre. Quand Sylwia ose mettre en ligne sur son compte Instagram un message personnel exprimant sa solitude, cela est mal perçu. Mais le réalisateur semble lui-même se contenter d’effleurer les sujets, de plus en usant d’une mise en scène ultra nerveuse qui agace. La surabondance des gros plans et les mouvements incessants de caméra veulent peut-être signifier l’instabilité du personnage de Sylwia, tout comme la sueur évoquée par le titre son surmenage, mais c’est aussi au prix d’un risque de fatigue chez le spectateur. En fin de compte, le film livre sa meilleure séquence, lorsque Sylwia, oubliant le personnage qu’elle s’est fabriqué, retrouve la profondeur de son humanité en devenant, pour un moment, un « bon Samaritain ».
6/10
Luc Schweitzer, ss.cc.
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SWEAT Bande Annonce (2021) Comédie Dramatique
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