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EL BUEN PATRÓN

Un film de Fernando León de Arenoa.

 

En Espagne, où l’on décerne des Goyas, ce film en a obtenu rien moins que six, parmi lesquels « meilleur film », « meilleur réalisateur » et « meilleur scénario ». Et il faut admettre qu’on a affaire, en effet, à un film qui ne manque pas de qualités. Fernando León de Areona peut se targuer d’avoir composé avec efficacité et crudité le portrait sans détours d’un patron dont les méthodes ne s’encombrent guère d’une quelconque morale, c’est le moins qu’on puisse dire. Dans ce registre-là, on peut compter sur le talent de Javier Bardem : toutes ses ressources d’acteur, dont on n’a plus à vanter l’excellence, lui servent à interpréter son rôle de patron d’une entreprise fabriquant des balances ( !). Ce patron, dont on découvre, dès le début du film, le caractère éminemment paternaliste, s’avère être, malgré ses paroles mielleuses, un manipulateur qui croit pouvoir tout se permettre, sans s’encombrer d’aucune déontologie, son seul but étant d’obtenir un prix d’excellence, lors de la visite prochaine d’un jury, prix qu’il pourra fièrement rajouter à la collection de trophées qui couvrent tout un mur de sa maison. Pour y parvenir, notre homme est capable de tout, aucune entourloupe, aucun moyen de corruption ne lui causant de scrupules.

Le film, construit assez habilement, égrène les quelques huit jours qui précèdent la visite du jury. Une semaine durant laquelle notre bienveillant patron se trouve en grande difficulté et doit user de toute sa roublardise pour se débarrasser à temps de ce qui pourrait compromettre la bonne image qu’il veut donner de lui et de son entreprise. Tout doit paraître exemplaire. Or, comme par un fait exprès, les contrariétés s’accumulent. Miralles (Manolo Soro), chef de production de la fabrique de balances, a tendance à devenir incontrôlable, tant il est ravagé par ses déboires conjugaux. À cela s’ajoute la révolte de Jos (Oscar de la Fuente), ouvrier licencié qui s’est installé à l’entrée de l’usine pour crier sa détresse et son indignation dans un mégaphone. Et, comme si cela ne suffisait pas, le patron ne trouve rien de mieux que de séduire une jeune stagiaire (Almudena Amor) avant de découvrir avec stupeur que la superbe jeune fille n’est autre que l’enfant (qui a bien grandi) d’un de ses amis du temps passé.

On pourrait nommer aussi le portier de l’usine, un portier qui aime les rimes ( !), tout comme le vieil ouvrier qui se fait du souci pour son garçon. Tous sont parfaits. Mais c’est Javier Bardem dont on admire, en premier, la prestation. Sans trop en faire, rien qu’avec quelques mimiques, quelques postures évocatrices ou au moyen des tenues qu’il arbore, il met en évidence toute la duplicité de son personnage. On n’est pas près d’oublier ce rôle de patron paternaliste, se vantant de traiter ses ouvriers comme s’ils étaient ses enfants, tout en osant sans vergogne toutes les perfidies dans le seul but de pouvoir accrocher un prix d’excellence sur le mur de sa maison !  

7,5/10

 

                                                                                                   Luc Schweitzer, ss.cc.

 

Tag(s) : #Films
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