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ERNEST ET CÉLESTINE : LE VOYAGE EN CHARABIE

Un film de Julien Chheng et Jean-Christophe Roger.

 

 

Il valait la peine de patienter dix ans pour revoir sur grand écran l’improbable duo comprenant Ernest l’ours et Célestine la souris, nouvelle adaptation des albums pour enfants de Gabrielle Vincent. Dix ans pour concocter et peaufiner un film encore plus séduisant que le précédent, la réalisation étant confiée non plus à Benjamin Renner et Vincent Parar comme en 2012, mais à Julien Chheng et Jean-Christophe Roger.

Tous deux proposent aujourd’hui non seulement aux enfants mais à tous les publics et à tous les âges un film dont tous les aspects sont marqués du sceau de la quasi perfection. Les dessins peints à la main et l’animation, empreints de douceur tout en ménageant des moments palpitants, parfois même quelque peu effrayants, provoquent une véritable fascination. Quant au scénario, à son inventivité, à ses rebondissements, à l’intelligence de son propos, à ses dialogues qui font mouche, il laisse pantois d’admiration.

Disons un mot de ce scénario et, donc, de l’histoire que les réalisateurs ont si bien mis en images et si bien animée. Tout commence par une bourde de Célestine qui, sans le faire exprès, casse le violon d’Ernest, un violon qui non seulement lui sert de gagne-pain mais qui n’est autre qu’un « Stradivarours » ! Catastrophe ! Une seule personne peut le réparer, affirme Ernest, un certain Octavius, mais qui vit dans un pays lointain, la Charabie, qui se trouve être le pays d’origine de notre ours. Qu’à cela ne tienne ! Célestine ne demande qu’à s’y rendre sur le champ, dans ce pays-là ! Ernest, lui, se montre bien moins enthousiaste : il refuse même carrément de faire le voyage. Et tant pis pour le violon !

C’était sans compter sur la détermination de Célestine. Au petit matin, son compère ours est obligé de se rendre à l’évidence : la souris s’en est allée vers la Charabie. Ce qui oblige notre bon ours à la rattraper. Les péripéties vont bon train et les voilà qui, s’étant rejoints, arrivent en la mystérieuse Charabie. « Étrange », dit Célestine. Il n’y a pas un bruit, pas un son, alors qu’Ernest lui avait décrit une ville où l’on fait de la musique et où l’on chante à tous les coins de rues. Seuls les oiseaux se font entendre, jusqu’à ce qu’ils soient chassés par des personnages en uniforme.

Il faut bientôt se rendre à l’évidence : le pays est gouverné par une main de fer et l’on y a édicté une loi interdisant toute espèce de musique. Ou, plutôt, on n’est autorisé à ne jouer qu’une note : le do ! Mais comment faire de la musique avec une seule note ? Or, nos amis Ernest et Célestine ne sont pas au bout de leurs surprises : d’une part, parce que, malgré la répression, il existe un groupe clandestin de rebelles avec, à sa tête, la mystérieuse Mifasol, groupe dont fait partie Octavius, celui qui seul peut réparer le « Stradivarours » ; d’autre part, parce que, renouant avec sa famille, Ernest doit composer avec son père, qui n’est autre que le terrible juge qui est à l’origine de la loi interdisant la musique, un juge qui espère que son fils, rejetant sa bohème, se décidera à embrasser le même métier que lui. Il faudra aussi composer avec la mère d’Ernest, médecin de profession, et sa petite sœur, elle aussi sommée d’apprendre le même métier que sa mère : c’est une des lois de la Charabie qui exige ce genre de soumission !

Point besoin d’en dire davantage car il ne faut pas éventer l’histoire. Toujours est-il qu’elle est menée tambour battant, à un rythme soutenu qui m’a fait songer au Roi et l’Oiseau, ce grand classique de l’animation de 1952. Impossible de s’ennuyer une seconde. Et puis, au bout du compte, comment ne pas approuver ce que le film prône ? : la liberté de choix des enfants quant à leur avenir, l’esprit de rébellion quand il s’oppose aux dictatures, et celui de la fête contre toutes les morosités !  9/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.

 

N. B. : Ne pas manquer le générique de fin, pour la superbe chanson du film, interprétée par Pomme.

Tag(s) : #Films, #Films d'animation
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