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LES BANSHEES D’INISHERIN

Un film de Martin McDonagh.

 

 

Il faut être doué comme Samuel Beckett pour raconter une fable confinant à l’absurde tout en se prenant faussement au sérieux. Chez Martin McDonagh, derrière des apparences de film ambitieux sur les absurdes querelles des hommes, il n’y a, en vérité, pas grand-chose d’autre qu’un scénario qui tourne en rond, et dans un rond de vacuité et de tristesse. On pourra saluer tant qu’on veut les performances des deux acteurs principaux, cela ne suffit certes pas à faire de ce film autre chose qu’un exercice de style sans grand intérêt.

Nous sommes en 1923, sur la petite île irlandaise d’Inisherin. Tandis qu’on entend, en arrière-fond, les bruits provenant de la guerre civile qui ravage l’Irlande de cette époque, c’est à une autre sorte de guerre que se livrent deux des habitants de l’île. Soudainement, sans qu’on sache pourquoi, un colosse prénommé Colm (Brendan Gleeson) décide de mettre un point final à l’amitié qui le liait à Pádraic (Colin Farrell). C’est le point de départ d’un film qui, jusqu’à son terme, nonobstant quelques montées de tension, ne cesse de tourner en rond autour du mystère de cette inimitié. En voyant les deux hommes, si différents l’un de l’autre, on a d’ailleurs bien du mal à croire qu’ils aient été auparavant amis. Et ce n’est là qu’une des faiblesses ou des incohérences d’un film au scénario mal conçu, mal rédigé. Le plus surprenant survient plus tard : alors qu’en guise d’explication à sa froideur Colm a invoqué sa volonté d’en finir avec les futilités auxquelles le contraignait sa relation avec Pádraic pour pouvoir se consacrer entièrement à sa seule passion, la musique (il compose et joue du violon), il n’en met pas moins à exécution sa menace de s’automutiler, ce qui l’empêche définitivement de jouer de son instrument. Allez y comprendre quelque chose !

Le réalisateur a beau tenter de sauver son film en lui donnant une dimension allégorique, il ne parvient qu’à le rendre encore plus lourdaud. Ainsi en faisant régulièrement intervenir une vieille femme, une sorte de prophétesse de malheur, peut-être une des « banshees » qui donnent son titre au film et qui sont des créatures de la mythologie celtique d’Irlande. En vérité, cela n’apporte rien à cette histoire somme toute bien ennuyeuse.   4/10

 

                                                                       Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films
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