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MANÈGES

Un album de chansons d’Anne Sylvestre.

 

 

Elle fut l’une des auteures-compositrices-interprètes de la chanson française les plus douées de sa génération et elle fut (elle est encore) une référence pour bien d’autres chanteuses, comme en témoigne Madame Anne de Michèle Bernard, que celle-ci chanta d’ailleurs en duo avec elle, avec Anne Sylvestre. Elle était née le 20 juin 1934 à Lyon et, il y a un peu plus de deux ans, le 30 novembre 2020, à Neuilly-sur-Seine, après plus de soixante ans de carrière, c’est la camarde qui l’emportait.

Or, la belle surprise qui nous parvient aujourd’hui, c’est un superbe album de cinq chansons inédites, entourées de deux morceaux instrumentaux qui s’accordent superbement à la sensibilité et à l’univers musical d’Anne Sylvestre. Au moment où la mort la faucha, en effet, elle préparait un nouvel album de chansons dont seuls ces cinq titres étaient déjà terminés. Elle en avait déjà chanté trois en public, lors de ses derniers concerts, et enregistré les deux autres en studio, ce qui nous vaut l’album posthume qui vient de paraître.

Le moins qu’on puisse dire, en écoutant ces chansons, c’est que, jusqu’au bout de son chemin, Anne Sylvestre avait conservé ses qualités d’écrivaine et ses talents de compositrice. On retrouve là la finesse d’une plume qui sait le mot juste pour ciseler des textes dont on peut dire qu’ils sont des modèles du genre. Et l’on goûte les mélodies, et l’on se régale des arrangements musicaux. L’équilibre est parfait et le propos ne laisse jamais indifférent.

Anne Sylvestre, qui sut toujours prendre en compte les réalités du temps, par exemple en composant, dès 1958, un hymne contre la guerre d’Algérie (Mon mari est parti) ou en célébrant très tôt l’amour libéré des carcans moraux (Lazare et Cécile) ou encore en prônant la liberté d’avoir ou non des enfants, deux ans avant la loi Veil (Non tu n’as pas de nom), et l’on pourrait multiplier les exemples, Anne Sylvestre chante dans Texto « ces mots » « qui mentent », « ces jolis mots » « qui brillent », ces mots de pacotille que nous échangeons si légèrement sur nos téléphones portables.

Mais aussi, la chanteuse se plaît à chanter rien moins que les pulsations de son cœur (Cœur battant) en précisant : « Tout ce qu’il a vécu ne l’a pas rendu sage… Tout ce qu’il a aimé n’a pas calmé sa rage ». Elle interroge les larmes (Avec toi le déluge), évoque le lien entre ces deux statuts de maman et de chanteuse (Maman la chanteuse) et nous quitte avec la chanson qui donne son titre à l’album (Manèges) et ces paroles qui touchent notre corde sensible : « J’ai vendu les manèges où vous ne viendrez plus (…) pour moi, je filerai sur un vélo doré / retrouver mon enfance où je l’avais laissée… ».  

9/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Chansons, #Musiques
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