Un film de Pietro Marcello.
Il avait filmé Martin Eden en 2019, une adaptation très libre du roman de Jack London, et c’est avec la même liberté que Pietro Marcello adapte, sous le titre L’Envol, Les Voiles écarlates, un roman, bien moins connu que celui du romancier américain, de l’écrivain russe Alexandre Grine (1880-1932).
L’action du film ne se situe d’ailleurs pas en Russie, mais dans un village du Nord de la France. Un homme, un rescapé de la Grande Guerre, revient au bercail, à la ferme où il habitait avec sa femme avant de devoir partir se battre contre les Allemands. Raphaël (Raphaël Thiéry), c’est son prénom, y retrouve Adeline (Noémie Lvovsky), la propriétaire des lieux, qui lui apprend, d’une part, que sa femme est morte pendant qu’il était au front et, d’autre part, qu’il est le père d’une petite Juliette.
Il faut gagner sa vie cependant et, pour ce faire, trouver un travail. Heureusement, pour quelqu’un comme Raphaël, un homme qui « a de l’or dans les mains », qui travaille le bois comme personne, il n’est pas trop difficile de se faire employer comme ébéniste. Néanmoins, Raphaël perçoit qu’il n’est pas le bienvenu aux yeux de tous les villageois. C’est qu’on s’efforce de lui cacher quelque chose, une vérité qui fait mal et dont il parvient à connaître la teneur : si sa femme est morte, c’est à la suite d’une agression commise par un des hommes du village. La haine des villageois bornés se déchaîne encore davantage lorsqu’on apprend que Raphaël a refusé de porter secours à deux hommes qui se noyaient, l’un d’eux étant celui qui avait agressé sa femme.
Raphaël, dès lors, est ostracisé, exclu de la communauté du lieu, tout comme, d’ailleurs, Adeline, une femme qui a la réputation d’être plus ou moins sorcière, en plus d’être endettée. Raphaël perd son emploi mais persiste à fabriquer des jouets en bois qu’il place chez un marchand de la ville, tout en se consacrant, le plus possible, à sa fille Juliette. Les années passent. Le réalisateur multiplie les ellipses, mais sans jamais perdre le spectateur en route.
Et puis, Juliette devenue une jeune adulte (jouée alors par Juliette Jouan, la grande révélation de ce film), le film entre dans une phase nouvelle, plus poétique, presque féérique parfois, avec de multiples plans à la photographie belle à tomber. Juliette, comme sa mère, a affaire à de potentiels agresseurs, mais surtout elle épouse, pourrait-on dire, la beauté : beauté de la poésie, de la musique, de l’amour. Une sorte de magicienne, jouée par Yolande Moreau, lui avait prédit que surgiraient dans sa vie des « voiles écarlates ». Or voici que tombe littéralement du ciel un bel aviateur prénommé Jean (Louis Garrel), si différent des rustres du village. Juliette ne saurait résister à Jean. Mais elle est, en même temps, une jeune femme qui prend sa destinée en mains. Le film se pare de belles séquences musicales, Juliette met en musique et chante L’Hirondelle, un poème de Louise Michel. Comment mieux célébrer la force des femmes qui ne s’en laissent pas conter ?
8/10
Luc Schweitzer, ss.cc.
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L'ENVOL Bande Annonce VF (2023, Drame) Juliette Jouan, Louis Garrel, Raphaël Thiéry
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Hirondelle qui vient de la nue orageuse Hirondelle fidèle, où vas-tu ? dis-le-moi. Quelle brise t'emporte, errante voyageuse ? Écoute, je voudrais m'en aller avec toi, Bien loin, bien loin d'ici...
https://femmes-de-lettres.com/2015/01/22/hirondelle-louise-michel/