Un film de Marc Fitoussi.
Elles nous avaient enthousiasmés dans Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal en 2020. Nous les retrouvons, pour notre satisfaction, réunies à nouveau dans Les Cyclades de Marc Fitoussi. Elles, ce sont les actrices Laure Calamy et Olivia Côte, auxquelles s’adjoint vers le milieu du film, et c’est bien davantage qu’une cerise sur un gâteau, l’impeccable Kristin Scott Thomas. Trois actrices de grande classe dans des rôles où chacune peut donner la pleine mesure de son talent, c’est un des atouts majeurs du film et c’est un régal pour les spectateurs.
À cela s’ajoute, fort heureusement, un scénario bien plus fûté qu’il n’y paraît sur le papier. D’ailleurs, c’est le thème sous-jacent à tout le film que de ne pas se fier aux apparences. Place donc à deux amies de collège qui rêvaient de faire une fugue afin d’aller à Amorgos, l’une des Cyclades, là où fut tourné le film qui les enthousiasmait à l’époque, Le Grand Bleu (1988) de Luc Besson. Avant qu’une histoire de garçon ne mette fin à leur belle amitié et qu’elles ne se perdent de vue pendant des années.
Par quel hasard se retrouvent-elles donc, alors que tant de temps a passé, pour réaliser enfin ce rêve de collégiennes ? En fait de hasard, il s’agit plutôt d’un arrangement du fils de Blandine (Olivia Côte) qui, soucieux de redonner le goût de vivre à sa mère sortant à grand mal de la dépression qu’elle a subie après le départ de son mari, a découvert l’existence de Magalie (Laure Calamy), l’ex-amie de Blandine, a réussi à la contacter et lui a proposé d’accompagner celle-ci dans une escapade dans les Cyclades.
Or, les deux femmes sont totalement dissemblables, elles sont même à l’opposé l’une de l’autre. Autant Blandine, mal remise de sa dépression, paraît renfermée, sérieuse, avare de ses paroles, autant Magalie déborde de vitalité, d’exubérance, de fougue et de propension au bavardage. Le film use et abuse de la disparité entre les deux femmes, oscillant, du même coup, entre la franche comédie et l’indispensable gravité. D’une île à une autre, car quelques imprévus empêchent les deux voyageuses d’arriver directement à Amorgos, l’on se délecte de leurs aventures quasi burlesques.
L’arrivée, au milieu du film, de Bijou (Kristin Scott Thomas), grande bourgeoise au mode vie hippie, mariée à un Grec et installée à Mykonos, en relance habilement la dramaturgie. Comme Magalie, Bijou donne l’impression d’être à la fois extravertie et très superficielle. Pourtant, c’est elle qui, bientôt, en se confiant à Blandine, aide à faire apparaître la vérité des êtres. La futilité dont elle se prévaut n’est-elle pas là pour mieux dissimuler certaines angoisses ? Et ce qui est vrai pour elle ne l’est-il pas également pour Magalie ? La frivolité apparente de certaines personnes n’est peut-être rien de plus qu’une certaine forme de pudeur. Et ce film, qui donnait l’impression d’exagérer, presque artificiellement, les différences de caractères et de comportements de ses deux actrices principales, parvient, en révélant leur profondeur, par les rapprocher, sinon les réunir, dans le champ des fragilités humaines.
8/10
Luc Schweitzer, ss.cc.
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LES CYCLADES Bande Annonce (2023) Laure Calamy
LES CYCLADES Bande Annonce (2023) Laure Calamy © 2022 - Memento Distribution
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