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LES SURVIVANTS

Un film de Guillaume Renusson.

 

 

Sur les deux principaux protagonistes de ce film, seules quelques bribes d’informations nous sont données en cours de projection, mais l’on comprend rapidement, avant même qu’ils ne se rencontrent, qu’on a affaire à deux « survivants ». Samuel (Denis Ménochet) essaie de se reconstruire après un accident qui a coûté la vie à sa femme. Il porte une longue cicatrice à une jambe et doit désormais élever seul sa fille, une enfant de sept ou huit ans. Néanmoins, il préfère la confier un peu à la garde de l’oncle de la fillette, le temps pour lui de se retirer dans sa cabane de montagne, dans les Alpes, non loin de la frontière avec l’Italie. Quant à Chehreh (Zar Amir Ebrahimi), c’est une Afghane qui, menacée par les talibans, a fui son pays, perdu la trace de son mari en Grèce et souhaite à présent franchir la frontière franco-italienne pour rejoindre Briançon où elle espère trouver de l’aide.

Mais de l’aide, elle en a d’abord besoin pour s’orienter dans les paysages de montagne et parvenir à traverser clandestinement la frontière. Or, une nuit, alors qu’elle s’est aventurée seule dans la montagne, elle pénètre dans le chalet rustique de Samuel pour s’y reposer. C’est ainsi que se produit la rencontre entre ces deux personnages. D’abord apeurée par Samuel, par son physique imposant, elle finit par comprendre qu’elle a peut-être trouvé l’homme providentiel sans lequel elle serait incapable de se repérer et de parvenir à son but. Samuel, lui, n’hésite pas bien longtemps. Lui aussi, il sait que sans son secours, elle ne s’en sortira pas.

Or, une menace terrible plane sur eux : deux hommes et une femme se sont constitués en une sorte de petite milice traquant les réfugiés qui se risquent à traverser la montagne afin de les reconduire en Italie. De ces individus-là, on ne saura pas grand-chose, sinon qu’ils sont bien équipés, ayant une motoneige, un fusil, un chien et même un drone, et qu’ils sont déterminés à user de violence si nécessaire. Dès lors, le film prend l’allure d’un « western » d’aujourd’hui (on pense à certains classiques de ce genre, comme La Chevauchée des Bannis -1959- d’André de Toth, qui se déroulent entièrement dans des paysages de montagne enneigés). La fuite éperdue de Samuel et Chehreh et leur détermination suffiront-elles à les sauver de ceux qui sont décidés à tout entreprendre pour les arrêter ?

Lors d’un des courts répits qu’ils peuvent s’accorder, Chehreh demande à Samuel pourquoi il s’investit à ce point pour elle. « Parce que tu as besoin d’aide », répond-il. Il n’y a rien ajouter. Au cœur de ce film palpitant, il y a, tout simplement pourrait-on dire, des « bons samaritains ». C’est le cas de Samuel pour Chehreh avant que les rôles ne s’inversent et que ce soit Chehreh qui se mue, à son tour, en « bon Samaritain » de Samuel, puis que tous deux rencontrent une femme au volant d’une voiture, elle aussi se faisant « bon Samaritain » pour Chehreh et Samuel.

D’une part, des miliciens, prêts à en découdre s’ils le jugent utile ; d’autre part, des « bons Samaritains » qui ne reculent devant aucune peine pour secourir autrui. Bassesse et grandeur des humains.  

8/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.

 

                                                                                    

Tag(s) : #Films, #Drame
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