Un film de Davy Chou.
Le réalisateur franco-cambodgien Davy Chou, dont c’est le 3ème long-métrage (vu en avant-première dans le cadre du festival « Télérama »), sait ce que signifie le retour dans le pays des origines quand on ne l’a pas encore connu. Lui-même, né en France de parents ayant fui le Cambodge tyrannisé par les Khmers rouges, ne s’est rendu dans ce pays que lorsqu’il était adulte. Dans Retour à Séoul, c’est une histoire à la fois semblable et différente de la sienne qu’il met en scène, différente surtout du fait que Freddie (jouée par l’éblouissante nouvelle venue au cinéma Park Ji-min) est une enfant qui a été adoptée par des Français alors qu’elle n'était encore qu’un bébé. Ses parents avaient préféré se séparer d’elle pour lui assurer un avenir qu’ils espéraient meilleur. Le film nous apprend que ce fut, en effet, le cas pour un grand nombre de sud-Coréens à une certaine époque.
Dès la première scène, le film plonge, en quelque sorte, dans cette réalité : la découverte du pays d’origine par une jeune femme ne connaissant que quelques rudiments de la langue coréenne, puisqu’elle a été élevée depuis son plus jeune âge en France et n’a pas appris la langue du pays qui l'a vue naître. Cette découverte commence dans les vapeurs d’alcool, avec des jeunes gens de rencontre. La barrière de la langue n’empêche pas de sympathiser par ce moyen-là. Freddie est une jeune femme assez énigmatique, assez imprévisible, mais sa détermination à rencontrer ses « parents biologiques », même si elle paraît parfois fluctuante, est forte. Son père et les autres membres de la famille paternelle, elle parvient à les connaître assez rapidement, ce qui donne lieu à un certain nombre de scènes presque burlesques, le père exprimant haut et fort ses regrets de l’avoir abandonnée, au point même qu’il lui propose de rester vivre en Corée et… de lui trouver un mari ! Freddie, elle, parvient à communiquer avec sa famille de Corée grâce à l’aide d’une amie qui fait la traductrice, mais elle trouve son père encombrant et… porté sur la bouteille !
Sa mère « biologique », il lui est bien plus difficile de la rencontrer. En fait, le film de Davy Chou se déploie sur plusieurs voyages de Freddie en Corée, à des années de distance, avec, par conséquent, des ellipses temporelles importantes. Au fur et à mesure des séjours en Corée, Freddie paraît de plus en plus énigmatique. Le scénario donne parfois l’impression d’être décousu, de manquer de cohésion, la faute, peut-être, à ces grands sauts temporels. Au cours d’un des voyages, Freddie rencontre un Français (Louis-Do de Lencquesaing) bien plus âgé qu’elle, venu en Corée comme marchand d’armes, avec qui elle sympathise. Plus tard, après une nouvelle ellipse, la jeune femme se présente comme étant elle-même représentante en armement, ce qui semble assez peu crédible au regard de sa personnalité, telle qu’elle s’est manifestée jusqu’alors.
Compte tenu d’un certain nombre de faiblesses dans l’écriture du scénario, il reste néanmoins, au bout du compte, le portrait attachant d’une adoptée, déterminée à savoir d’où elle vient, quelles sont ses racines.
7/10
Luc Schweitzer, ss.cc.
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