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CHIEN DE LA CASSE

Un film de Jean-Baptiste Durand.

 

 

Tourné au Pouget, un village de l’Hérault, ce film, le premier long-métrage de Jean-Baptiste Durand, dès les premières scènes, fait montre de sa singularité, non seulement parce qu’il se focalise sur une réalité peu présente au cinéma (la jeunesse rurale) mais parce qu’il le fait en adoptant un ton inhabituel, une sorte de mélange de naturalisme, de mélancolie, de férocité et de drôlerie. Il est assez difficile d’en donner une définition précise, mais disons qu’il y est question d’une histoire de camaraderie atypique et dérangeante. Dans un village comme celui qu’a choisi le réalisateur, à quoi peuvent bien s’occuper les jeunes sinon à traîner ici et là et à tuer le temps ? Parmi les jeunes gens du village, il en est deux qui se fréquentent depuis l’âge de douze ans, Mirales (Raphaël Quenard) et Dog (Anthony Bajon). Entre ces deux-là, les relations détonnent : le verbe haut, la raillerie sans cesse aux lèvres, Mirales ne rate pas une occasion d’humilier, de « casser » Dog, qu’il considère pourtant comme son véritable ami. Quant à celui-ci, gardant toujours son air naïf, il encaisse, le plus souvent impassiblement et sans rien dire.

Cela pourrait continuer ainsi, immuablement, si ne survenait pas au village une fille prénommée Elsa (Galatéa Bellugi) que Dog trouve bientôt à sa convenance. Pour Mirales, cela ressemble à un séisme : que son copain et souffre-douleur Dog puisse tomber amoureux d’une fille et, de ce fait, prendre ses distances d’avec lui, il ne le supporte pas et, dès lors, s’ingénie à mettre des bâtons dans les roues des tourtereaux, entre autres en humiliant encore davantage et publiquement son « ami ».

Reprenant à son compte la thématique du fort et du faible dans ce contexte de ruralité profonde qui n’offre que peu de débouchés pour la jeunesse, le cinéaste parvient à adopter un ton original. Il est aidé en cela par l’étonnante prestation de Raphaël Quenard. Celui-ci compose un personnage à plusieurs facettes, car s’il se plaît à rabaisser son copain Dog chaque fois qu’il le peut, s’il gagne sa vie en dealant, il est aussi capable de prendre du temps pour aider un vieux monsieur à bien choisir ses tickets de loterie ou à s’inquiéter pour sa mère qui ne sort plus de chez elle ou même à discourir sur la littérature romantique. Face à lui, par contraste, Anthony Bajon et Galatéa Bellugi, forcés d’être en retrait, ne sont pas totalement écrasés par leur partenaire et parviennent à tirer joliment leur épingle du jeu.

7,5/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer

Tag(s) : #Films
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