Un film de Daniel Goldhaber.
Comment adapter au cinéma non pas un roman mais un essai considéré comme le manifeste qui a inspiré le mouvement des Soulèvements de la Terre, mouvement dissous par le gouvernement le 21 juin dernier, Gérard Darmanin allant jusqu’à employer les mots de « terrorisme intellectuel » à propos de l’ouvrage en question ? Son titre provocateur, Comment saboter un pipeline, avait pour objectif d’encourager l’activisme écologique plutôt que d’attendre quoi que ce soit de concret des gouvernements dont on sait qu’ils sont incapables de prendre les mesures qui seules pourraient enrayer sinon stopper le réchauffement climatique et toutes les nuisances liées au capitalisme effréné et aux activités humaines de toutes sortes. Son auteur est un universitaire suédois du nom d’Andreas Malm.
Le tour de force du réalisateur du film, c’est d’avoir réussi à adapter un essai qu’on peut qualifier de philosophique en un thriller écologique haletant et totalement captivant du début à la fin. Pour ce faire, plutôt que d’en rester au registre des idées, le cinéaste se focalise sur un groupe de huit activistes résolus à passer à l’action en faisant sauter, précisément, un pipeline. Nous sommes au Texas où les oléoducs abondent, oléoducs considérés comme une cible de choix par les protagonistes, tous jeunes, garçons et filles, déterminés à frapper un grand coup au nom de la sauvegarde de la terre.
En fin de compte, on a presque l’impression de voir un film de casse, très bien réalisé, ménageant un suspense qui tient en haleine presque sans répit. Le réalisateur prend tout de même soin d’entrecouper l’action par une série de flashbacks destinés à en savoir un peu plus sur chacun des protagonistes. Ces informations restent néanmoins assez limitées et l’on aimerait qu’elles soient plus développées tant chacun des personnages suscite de curiosité. On remarquera avec intérêt la diversité des profils des huit membres du collectif : on y trouve un Amérindien, une femme de ménage, un couple de zadistes, un péquenaud catholique et républicain…, tous convergeant dans une même radicalisation. Quelles que soient nos propres convictions, qu’on partage ou non la radicalisation des personnages du film, quoi qu’il en soit, il est difficile de ne pas se laisser interpeller par autant de détermination et de ne pas se poser la question : jusqu’où faut-il aller, face à l’inertie des gouvernants, pour préserver autant qu’il est encore possible notre planète ?
7,5/10
Luc Schweitzer
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