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LA FILLE DE SON PÈRE

Un film de Erwan Le Duc.

 

Second long-métrage après Perdrix (2018), un film qui s’était fait remarquer par l’originalité de son ton, dans La Fille de son père Erwan Le Duc explore, toujours avec quelque singularité, les relations père/fille. Ce n’est pas le sujet qui est nouveau, bien entendu, mais la manière l’est ou, en tout cas, réussit à l’être dans d’assez nombreuses séquences du film. Cela commence d’ailleurs de façon tout à fait originale par une longue séquence quasiment sans paroles, séquence qui, en accéléré, nous introduit dans le vif du sujet mais en remontant bien en avant d’un point de vue temporel. Cela commence par le coup de foudre qui unit Étienne (Nahuel Perez Biscayart) et Valérie (Mercedes Dassy) et se poursuit par une escapade amoureuse, un test de grossesse, la naissance d’une enfant que l’on prénomme Rosa et… la disparition soudaine de la maman. Valérie a pris la poudre d’escampette, abandonnant son amoureux et sa fille. Les années passent, la petite Rosa grandit et arrive le temps de sa prime jeunesse (elle est alors interprétée par Céleste Brunnquell). Toute cette séquence, je le répète, est remarquablement mise en scène sans le besoin d’aucun dialogue ou presque.

Étienne, on le comprend, a pris à cœur son rôle de père et se débrouille plutôt bien. Entre père et fille, la complicité est de mise, même si Rosa trouve parfois son père un peu trop envahissant. D’autres personnages font leur apparition : Hélène (Maud Wyler), la nouvelle compagne d’Étienne, et Youssef (Mohammed Louridi), le petit ami de Rosa qui, dans un premier temps en tout cas, assure au père qu’il dort avec sa fille mais sans faire l’amour. « C’est de l’amour courtois, comme au Moyen-Âge », déclare le garçon qui se pique de poésie au point d’écrire une première œuvre épique inspirée par l’histoire d’Étienne, de Valérie, de Rosa.

De la poésie, il y en a, c’est vrai, à de nombreuses reprises au cours du film, non pas en vers, mais au moyen de belles idées de mise en scène, parfois très oniriques. Rosa songe, durant un temps, à aller étudier les Beaux-Arts à Metz, elle est peintre et ce qu’elle réalise est prometteur. Étienne, plus prosaïquement, est entraîneur de foot mais, même en ces occasions, le réalisateur parvient à glisser de l’originalité, comme quand il fait intervenir la maire de la commune (Noémie Lvovsky), bien décidée à remplacer le terrain de foot par un terrain boisé, ou lorsqu’une séance d’entraînement s’achève par une comptine (Coucou Hibou) reprise par tous les joueurs !

Mais, comme l’indique le titre, c’est bien la relation entre père et fille qui est au cœur du film. Rosa projetant d’étudier à Metz, se pose la question de la séparation, difficile pour un père qui avait promis de ne jamais quitter sa fille. Comment accepter de prendre ses distances quand on a bâti une relation quasi fusionnelle ? Une nouvelle étape semble nécessaire, d’autant plus que la mère de Rosa, disparue depuis si longtemps, n’a peut-être pourtant pas dit son dernier mot. Quoi qu’il en soit, le film, qui alterne subtilement les moments de légèreté et de mélancolie, offrant aussi de pures plages de poésie (comme dans une scène filmée à l’hôpital), parvient, souvent, à enchanter un sujet, somme toute, assez banal.   

7,5/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer

 

Tag(s) : #Films
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