MES LECTURES – PREMIER SEMESTRE 1981

En ce semestre-là, je poursuivis résolument et passionnément ma découverte des grands chefs d'oeuvre des littératures française et étrangère, à commencer par Charles Dickens dont j'aimais décidément beaucoup l'univers, surtout quand il était question de personnages plus ou moins excentriques ou de situations surprenantes pour un lecteur français (la prison pour dettes au début de La petite Dorrit par exemple) et, bien sûr, Dostoïevski dont je lus, en janvier, fasciné et bouleversé comme jamais, le roman qui demeure, pour moi, l'oeuvre de fiction la plus importante de toute la littérature, Crime et Châtiment. J'en fus marqué à jamais, pas tant par le personnage de Raskolnikov d'ailleurs que par ceux de Sonia, la prostituée, et son père Semion Marmeladov, l'ivrogne, les seuls qui voient clair et peuvent indiquer au criminel une voie de repentance et de rédemption. Pour avoir imaginé ces personnages-là et leur avoir donné vie, Dostoïevski est le plus grand romancier du monde. Je fus moins enthousiasmé par L'Idiot, dont le sujet me plaisait beaucoup mais dans lequel j'eus bien du mal à me retrouver, tant je confondais les personnages les uns avec les autres.

D'autres grandes oeuvres comptèrent, aussitôt après leur lecture, parmi mes livres de prédilection, tant ils me firent forte impression. Ce fut le cas, bien sûr, des Misérables de Victor Hugo, un roman dont je n'ai pas besoin de vanter la grandeur. Mais je fus également subjugué par Sous le soleil de Satan de Bernanos tout comme par les Contes cruels de Villiers de l'Isle-Adam. Mais celui dont je fus aussitôt un lecteur assidu, ce fut Barbey d'Aurevilly: les six nouvelles des Diaboliques étaient tout aussi cruelles et captivantes que les contes du précédent. 

Je fus interloqué par La Lettre écarlate, roman ô combien cruel, lui aussi, mais ô combien nécessaire, racontant comment une femme adultère fut marquée d'une lettre la désignant à la honte par une communauté de puritains. Et je fus captivé et effrayé à la lecture du 1984 de George Orwell, roman qui non seulement n'a pas fini, aujourd'hui encore, malheureusement, d'être d'actualité, mais l'est peut-être plus que jamais.

Et puis, je lus, sinon par passion, en tout cas, avec beaucoup d'intérêt, les Confessions de Rousseau et les Mémoires d'Outre-Tombe de Chateaubriand. 

Janvier :

• Honoré de Balzac :  L’envers de l’histoire contemporaine

• Dostoïevski :  Crime et Châtiment

• Charles Dickens :  Nicolas Nickleby

• Julien Green :  La bouteille à la mer

• Maurice Genevoix :  Je verrai, si tu veux, les pays de la neige

• Thomas de Quincey : Confessions d’un mangeur d’opium. Suspiria de profundis.

Février :

• Diderot :  La Religieuse
• Dostoïevski :  L’Idiot
• André Gide :  Isabelle
• Nathaniel Hawthorne :  La Lettre écarlate
• George Orwell :  1984
• Blaise Pascal :  Provinciales

Mars :

• Georges Bernanos :  Sous le soleil de Satan
• Charles Dickens :  La petite Dorrit
• Victor Hugo :  Les Misérables

Avril :

• Henri Bosco :  Pierre Lampédouze
• Georges Cattauï :  Léon Bloy
• Dostoïevski :  L’Adolescent
• Montaigne :  Essais, livre 2.
• Gérard de Nerval :  Poésies et souvenirs
• Jean-Jacques Rousseau :  Confessions
• Charles Ferdinand Ramuz :  Le Règne de l’Esprit Malin

Mai :

• Jules Barbey d’Aurevilly :  Les Diaboliques
• Jules Barbey d’Aurevilly :  Le Chevalier des Touches
• Joë Bousquet :  Le Médisant par bonté
• Charles Dickens :  Le Magasin d’antiquités
• Thomas Hardy :  Tess d’Urberville
• Joris-Karl Huysmans :  A rebours
• Jonathan Swift :  Voyages de Gulliver
• Villiers de l’Isle-Adam :  Contes cruels

Juin :

• Jules Barbey d’Aurevilly :  Un prêtre marié
• Jules Barbey d’Aurevilly :  Une vieille maîtresse
• Chateaubriand : Mémoires d’Outre-Tombe
• Jacques Rivière et Paul Claudel :  Correspondance.