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LE ROYAUME DE KENSUKÉ

Un film de Neil Boyle et Kirk Hendry.

 

 

Dès les premières séquences de ce film d’animation, les yeux s’ouvrent tout grand pour admirer la qualité de la réalisation, la beauté de dessins au graphisme classique, les impressionnants décors maritimes, les audacieux angles de vue adoptés par les réalisateurs, l’intérêt suscité par les personnages. Adaptée d’un roman de l’écrivain britannique Michael Morpurgo, nous voici embarqués, c’est le cas de le dire, dans l’histoire d’un garçon prénommé, lui aussi, Michael, que ses parents ont emmené, avec sa grande sœur, sur un voilier, pour y effectuer un tour du monde. Un soir de tempête, alors que Michael veut libérer sa chienne Stella, qu’il avait introduite sur le navire en cachette de ses parents, une vague gigantesque l’emporte, avec l’animal, par-dessus bord.

Échoué sur une île du Pacifique avec sa chienne, l’enfant, nouveau petit Robinson, se demande comment il va pouvoir survivre. Or, au matin, à son réveil, il découvre, stupéfait, déposé à ses côtés, de quoi manger et de quoi boire pour Stella et pour lui. Le lendemain matin, à nouveau, il s’aperçoit qu’un inconnu, durant son sommeil, a laissé, près de lui, de la nourriture et de la boisson. Bientôt, l’homme providentiel se fait connaître : c’est un vieux monsieur, un Japonais, dont on apprend, au fil des événements, et malgré la barrière de la langue, que c’est un ancien soldat du nom de Kensuké dont la famille a été tuée du fait de la guerre et qui vit là, depuis tout ce temps, isolé du reste des hommes mais en étroite communion avec la nature. Surtout, et c’est l’un des points d’orgue du film, Michael l’épie et le surprend en parfaite harmonie avec un groupe d’orangs-outangs à qui il porte régulièrement, en observant un rituel bien précis, des offrandes de nourriture.

Au contact du vieil homme, Michael s’assagit et, tout en découvrant le lien très fort qui unissait Kensuké à sa femme et à ses enfants perdus à cause de la guerre, il réalise combien sa propre famille lui manque. Cet apprentissage se fait, non au moyen de la parole puisque la barrière de la langue les en empêche mais, beaucoup plus joliment, au moyen d’estampes et de dessins réalisés par le vieillard et par l’enfant. Merveilleuse trouvaille : le film peut se passer de mots, c’est par le biais des estampes et des dessins qu’a lieu le dialogue.

Nous avons donc affaire à un superbe récit initiatique. Un enfant apprend d’une part à tenir compte de l’autre, de sa différence tout comme de ce qui unit au lieu de séparer, d’autre part à redécouvrir l’importance de la famille, enfin à vivre en harmonie avec la nature. De ce point de vue, l’incroyable « maison » construite par Kensuké dans les arbres, son royaume, fait figure d’exemple, car tout y est conçu dans le respect d’une nature qu’il convient de préserver. Cela apparaît encore davantage quand l’histoire bifurque dans un récit d’aventures trépidantes lorsque débarquent, sur l’île, des chasseurs d’animaux sans scrupules, destructeurs, qui ont pour seul objectif de remplir leurs cages afin de faire commerce de leurs proies.

Cela étant et en dépit des scènes de guerre qu’évoque le film tout comme de la razzia des chasseurs d’animaux, ce film, destiné aux enfants à partir de huit ans mais qui peut plaire tout autant aux adultes, se présente à la fois comme une ode à la paix et un appel pressant au respect de la nature. Ainsi l’écrit Michael Morpurgo, l’auteur du roman qu’ont adapté les réalisateurs de ce beau film : « Le message que j’aimerais que le spectateur retienne du film, c’est l’importance de l’amour entre les êtres, entre les peuples, et entre l’homme et la planète. C’est, au fond, une histoire qui parle de réconciliation, entre les jeunes et les anciens, entre l’être humain et le monde qui l’entoure, perceptible à travers le prisme de Michael, mais aussi à travers la sagesse de Kensuké et la relation entre le petit garçon et le vieil homme. »  

8/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer

Tag(s) : #Films, #Films d'animation, #Aventures
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