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PAS DE VAGUES

Un film de Teddy Lussi-Modeste.

 

Troisième long-métrage de Teddy Lussi-Modeste, après Jimmy Rivière (2011) et Le Prix du Succès (2017), Pas de vagues arrive sur nos écrans peu de temps après la sortie de La Salle des Profs de Ilker Çatak. Le point commun entre les deux films est de se situer dans le milieu scolaire au moment où survient une crise afin d’en mettre en évidence les dysfonctionnements. Pas de vagues fait aussi penser à un film beaucoup plus ancien, Les Risques du Métier (1967) d’André Cayatte, dans lequel Jacques Brel jouait le rôle d’un professeur accusé de tentative de viol par une élève de quatorze ans. Néanmoins, l’angle par lequel Teddy Lussi-Modeste aborde ce sujet est sensiblement différent de celui d’André Cayatte. En effet, et c’est un des mérites du film, dans Pas de vagues, ce sont les élèves autant que leur professeur qui se retrouvent piégés et contraints de subir les dysfonctionnements d’une institution incapable de gérer comme il faut une situation de crise extrême.

Cela étant dit, il faut reconnaître que, même s’il se base sur une histoire vécue par le réalisateur lui-même et même si le scénario a été coécrit par Audrey Diwan, la réalisatrice de L’Evènement, on est en droit de trouver peu crédibles certains des comportements du professeur joué par François Civil. Certes, on nous fait savoir qu’il s’agit d’un jeune professeur, peu aguerri, mais tout de même ! Inviter quelques-uns des élèves (pas tous !) à se régaler dans un kebab ou encore interpeller une élève en la prenant comme exemple d’une explication de texte d’un poème célèbre de Ronsard… Le jeune professeur a beau se montrer soucieux d’être à l’écoute de ses élèves, on a du mal à croire à l’accumulation de ses maladresses.

Toujours est-il qu’un engrenage fatal est enclenché à partir du jour où une élève (celle qui a servi d’exemple pour illustrer un vers de Ronsard) écrit une lettre accusant son professeur de harcèlement. Bientôt, c’est le grand frère de cette jeune élève qui intervient, grand frère menaçant et violent, et tout s’emballe, non seulement pour l’adolescente accusatrice mais pour les autres élèves, leurs parents, l’ensemble des professeurs et le directeur. C’est toute l’institution qui ne tarde à vaciller et même à se montrer très défaillante.

Prenant l’allure d’un thriller, le film pose avec assez de justesse la question des limites auxquelles devraient s’astreindre les professeurs. Mais comment estimer ces limites ? Et, surtout, le film pointe les défaillances du système scolaire. L’unité des professeurs, soutenant leur collègue au début, ne tarde pas à voler en éclats. Quant au directeur, son souci premier, c’est qu’il n’y ait « pas de vagues » afin que son plan de carrière ne soit pas compromis. Le film aborde aussi la question de l’homophobie, puisqu’il se trouve que le professeur accusé est homosexuel. En fin de compte, si Pas de vagues n’est pas exempt de défauts, il a néanmoins le mérite d’aborder avec pertinence les défaillances du système scolaire et, au moyen d’un thriller angoissant, de demeurer captivant du début à la fin.   

6,5/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer

Tag(s) : #Films, #Thriller
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