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LE DÉSERTEUR

Un film de Dani Rosenberg.

 

Voilà un film qui, alors qu’il a été tourné avant la reprise du conflit entre Israël et le Hamas, nous parvient comme un écho d’un drame sanglant qui n’épargne personne. En l’occurrence, nous voici du côté israélien, avec un détachement de soldats en opération dans un village gazaoui. Le réalisateur nous confronte aussitôt avec l’angoisse de ces soldats, pour la plupart très jeunes, contraints de risquer leur vie. L’un d’eux, Shlomi, 18 ans à peine, reste sur place, dans une maison en ruine, au lieu de suivre ses compagnons dans leur déplacement. A-t-il prémédité ou non sa désertion ? Quoi qu’il en soit, le voilà bientôt qui prend la fuite, entamant une course éperdue à travers les rues pour s’emparer d’un véhicule, abandonner son casque et s’éloigner du théâtre des combats.

Shlomi fuit l’horreur des combats dans le but de rejoindre sa petite amie qui travaille dans un restaurant branché de Tel Aviv. Qu’espère-t-il ? Pouvoir partir avec elle sans être inquiété par personne ? Sans doute ne sait-il pas lui-même ce qu’il veut vraiment si ce n’est d’être le plus éloigné possible de la sale guerre. Or, bien sûr, les répercussions des combats sont partout présentes. Même dans la maison de sa mère où il trouve, pendant un temps, un refuge, il est bientôt obligé de ramper par terre parce que des soldats passent par là. Tout au long du film d’ailleurs, on entend les échos de la guerre et les commentaires des journalistes, soit à la radio soit à la télévision. C’est ainsi que Shlomi finit par apprendre qu’il est soupçonné non pas d’avoir déserté mais d’avoir été kidnappé par le Hamas, ce qui risque d’entraîner une recrudescence des violences sur le terrain de la bande de Gaza.

La réalisation du film est assez déroutante, à vrai dire, oscillant entre le grotesque, le comique, la mélancolie et la peur. Mais le meilleur atout du film, c’est Ido Tako, l’acteur qui joue le rôle de Shlomi. Son incroyable agilité fait penser à un Buster Keaton ou à un Harold Lloyd, ces étonnants acteurs du temps du cinéma muet. Qu’il dévore des aliments de toutes sortes avec ses doigts, qu’il saute par-dessus des grillages, qu’il dévale des rues à bicyclette, qu’il soit poursuivi par un couple à qui il a volé un téléphone portable et des vêtements, Ido Tako est fascinant de souplesse et de ruse. Ce faisant, il incarne avec justesse les déroutes de tous les jeunes gens qui aimeraient s’enfuir loin des guerres, quelles qu’elles soient.   

7/10

 

                                                                                                   Luc Schweitzer

Tag(s) : #Films
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