Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

J’AI PAS FINI MON RÊVE

Intégrale des 111 chansons enregistrées par Henri Gougaud.

 

 

Décédé le 6 mai dernier à l’âge de 87 ans, Henri Gougaud, né dans l’Aude le 7 juillet 1936, est aujourd’hui surtout connu comme un auteur prolifique de romans, de nouvelles et de contes. Il fut un admirable conteur, entre autres à la radio, sur France Inter, à partir de 1973. On put l’entendre aussi, en 2016 et 2017, sur les ondes de RTL. Et l’on peut toujours s’émerveiller de ses dons d’écrivain en se procurant l’un ou l’autre de ses ouvrages, toujours disponibles en librairie ou en bibliothèque.

Mais il est un pan entier de la vie et des œuvres de Henri Gougaud que l’on méconnaît et que l’on a la chance de pouvoir découvrir et apprécier grâce à la parution, chez EPM, d’une superbe intégrale, rien de moins. Car ce formidable conteur fut aussi, à ses débuts, un remarquable poète et auteur de chansons. En effet, lui qui était né en Occitanie, dans l’Aude, il fut semblable aux troubadours mais, comme beaucoup d’autres, dut monter, comme on dit, à Paris, à la fin des années 50, pour interpréter ses chansons dans les cabarets de la Rive gauche. Proche du milieu anarchiste, ses chansons furent bientôt reprises par Serge Reggiani, Jean Ferrat, Christine Sèvres, Francesca Solleville ou Juliette Gréco.

Ces interprètes, dont on n’a nul besoin de vanter les talents, s’ils s’approprièrent à merveille les chansons de Gougaud, éclipsèrent aussi, malheureusement, le chanteur qu’il fut lui-même. L’album de 5 cd d’EPM vient donc réparer, trop tardivement sans doute, mais mieux vaut tard que jamais, l’oubli dans lequel était tombé le chanteur. C’est d’autant plus le cas que l’écoute de ces chansons ne peut susciter, à mon avis, qu’un franc enthousiasme. La plupart, même si elles ont été écrites il y a bien années, ne paraissent pas datées. Certes, les arrangements musicaux ne seraient sans doute plus les mêmes de nos jours. Mais qu’importe ! Ces chansons, et c’est le plus important, nous touchent et nous interpellent et, peut-être, pour certaines d’entre elles, nous dérangent comme il faut. On y retrouvera Paris ma rose qui fut chanté aussi par Reggiani ou Le temps de vivre qui fut interprété également par Francesca Solleville et Jacques Bertin. Et on y découvrira aussi bien d’autres titres qui ne furent pas repris par d’autres chanteurs. Quelques chansons sont d’ailleurs écrites en occitan, la plupart en français. Je ne peux mieux finir cette invitation à (re)découvrir Henri Gougaud qu’en retranscrivant les paroles d’une des chansons, intitulée Ma dette envers Dieu :

  Je voudrais, si c’était possible
Donner à Dieu tout ce que j’ai
Mon chagrin, ma vie malhabile
Moi, je serais Dieu comme il est
Le ferais tel qu’il m’a pétri
Lui donnerais ce que j’ai pris

Si les méchants et les rapaces
Ont le meilleur de tous ses biens
Que ceux-là lui en rendent grâces
Pour ma part, je n’en ferai rien
Dieu à moi ne m’a rien donné
Qu’une âme que je lui rendrai.

 

9/10

 

                                                   Luc Schweitzer

Tag(s) : #Chansons, #Poésies, #Ecrivain, #Musiques
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :