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HORS DU TEMPS

Un film d’Olivier Assayas.

 

« Ô temps suspends ton vol » ! La fameuse supplique de Lamartine dans son poème Le Lac nous semblait quelque peu ridicule, peut-être, jusqu’à ce que survienne, il y a quatre ans (et cela nous paraît déjà si loin !), le premier confinement imposé par la pandémie de Covid. Le temps comme suspendu, c’est bien ce que nous avons éprouvé ou ce que certains d’entre nous ont éprouvé durant cette étrange période. Olivier Assayas l’a vécue en compagnie de son frère et de leurs compagnes du moment et en a profité, entre autres, pour écrire ce film qui ne relate rien d’autre que des scènes prises sur le vif. Portant le prénom de Paul dans le film et interprété par le toujours savoureux Vincent Macaigne, il est accompagné par Morgane (Nine d’Urso). Quant à Étienne (Micha Lescot), son frère féru de musique, il a pour compagne Carole (Nora Hamzawi).

Tout ce petit monde a eu la chance, il faut le dire, de traverser le confinement en pleine nature, dans la maison familiale héritée des parents et située dans la zone verte de l’Essonne. Il y a là, en plus d’une vieille maison remplie de livres, un jardin et un immense parc qui rappellent bien des souvenirs aux deux frères, puisque c’était là le théâtre de leurs jeux d’enfants. C’est d’ailleurs Olivier Assayas en personne qui, sur de superbes images prises dans cet environnement de nature foisonnante, raconte, à plusieurs reprises, en voix off, sa relation et son histoire avec ce cadre verdoyant et ses habitants, en particulier ses parents pour qui comptait beaucoup l’art, y compris l’art le plus antique comme en témoignent des livres dont ont hérités les deux frères.

Le film n’est donc rien d’autre que la chronique de ces quelques mois printaniers passés dans un isolement presque total (il faut bien, tout de même, faire quelques achats). Il ne se passe rien d’extraordinaire si ce n’est qu’il faut se supporter les uns les autres. C’est le cas, en particulier, des deux frères qui, depuis bien des années, n’avaient pas passé autant de temps ensemble. Cette cohabitation forcée engendre quelques querelles certes, mais c’est la bonne humeur qui finit toujours par l’emporter. Chacun des frères a ses manies, ses phobies, dues, entre autres, à de nécessaires précautions prises en vue de ne pas attraper le fameux virus.

Le film s’attarde cependant surtout sur des moments plaisants, souvent nourris de références culturelles, les deux frères étant passionnés d’art comme l’étaient leurs parents. Cela peut sembler, parfois, quelque peu pédant mais, comme c’est l’humour et une forme de détachement qui dominent, on peut s’en amuser plutôt que s’en irriter. Et puis, mine de rien, Olivier Assayas confie, de cette manière, quelques-unes de ses sources d’inspiration et cela ne manque pas d’intérêt. 

7,5/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer

Tag(s) : #Films
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